They Call me Rico…non ce n'est pas le titre d'un western
spaghetti de seconde zone, genre on m'appelle Plata, Trinita, Django ou Ringo
mais le nom de scène d'un bluesman, canadien.
Si nous sommes loin des cow boys des plaines d'Arizona, la
pochette nous évoque clairement un baroudeur, barbe de 8 jours, guitare et
grosse caisse en main, un vrai "hobo" du blues à la poursuite d'un
train….
Si c'est son premier album solo, ce n'est pas pour autant un
inconnu, puisque derrière Rico se cache Frédéric Pellerin, chanteur du groupe
rock Québécois Madcaps qui a voulu dans ce projet replonger dans ses racines
bluesy, seul, en homme orchestre, chant, guitare et caisse de basse, juste parfois accompagné d'une basse (Dominic
Laroche), d'un harmonica (Christian Vézina) et sur 2 titres de lap steel guitar
et guitare électrique (Nicolas Grimard). Un album entièrement enregistré en
analogique dans les conditions du live pour recréer un son chaud et bien roots.
Et de ce coté là c'est plutôt réussi, Rico armé de sa resophonic
guitare et de sa caisse nous donne parfois l'impression que nous sommes en
présence d'un groupe au grand complet! Si c'est évidemment le blues qui
prédomine, l'énergie est bien rock, rock'n'roll
des pionniers s'entend, des Studios Sun (Elvis, Carl Perkins , Johnny
Cash..), comme l'indique le second titre "Whole Word" , bien
dépouillé et qui démarre par des "one two three for", si c'est pas
typiquement rock'n'roll ça!
Sur les 14 titres, on compte
3 compos et 11 reprises, certaines prévisibles comme le "Preachin
blues" de Robert Johnson ou "Am I Wrong" de Keb Mo, d'autres
plus inattendues, de Mac Cartney ("your way") , Dylan ("Buckets
of rain"), Neil Young (" World on a string"), le "20th
century boy " de Marc Bolan (T-Rex), Tom Waits ( "Blind love"),
le "Fortune teller " d'Allen Toussaint , oui, celui repris par les
Who sur leur monstrueux Live at Leeds, repris par les Stones aussi, tout comme
le "Prodigal son" du Réverend Robert Wilkins. On trouvera aussi
"Cocaïne", pas celui de JJ Cale mais du Révérend Gary Davis, et le "Blue moon
of Kentucky" de Bill Monroe, ballade country qui fut un gros hit d'un
certain Elvis Presley, l'idole de jeunesse de notre Rico, et ça s'entend dans
cette interprétation! On le voit , un bel éclectisme, mais qui ne nuit pas à
l'unité du disque car Rico a mis tous ses titres à sa sauce personnelle, rugueuse
et bien épicée, quelque part entre Keb Mo, Eric Bibb, feu John Campbell et …Led Zepellin, le Led
Zep de "Gallows pole".
chronique également parue dans le No 31 de BCR La Revue
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