- Alors
m’sieur Luc, c’est quoi ce film que vous avez été voir ?
- Jappeloup, une histoire d’étalon.
- Ah
bon ? On a fait un film sur la vie de m’sieur Rockin ???
- Hein ??!! Pourquoi
dites-vous cela Sonia... Regardez-moi dans les yeux : auriez-vous fini par succomber aux avances lubriques de votre chef de service ?
- Ahh non, je l’jure ! C’est juste qu’on s’est amusé avec la nouvelle photocopieuse, savez ce que c’est, on pose son nez sur la vitre, une main, puis ça dégénère… Il est très imaginatif m'sieur Rockin' dans certaines circonstances...
- Ahh non, je l’jure ! C’est juste qu’on s’est amusé avec la nouvelle photocopieuse, savez ce que c’est, on pose son nez sur la vitre, une main, puis ça dégénère… Il est très imaginatif m'sieur Rockin' dans certaines circonstances...
- Arrfff, je comprends, j'ai fait ça aussi... et puis on agrandit à 140% pour frimer...
- Ah
bah non. Nous, on n’a pas trouvé le bouton pour mettre en A3...
Comme certains chroniqueurs du
Déblocnot que je ne nommerai pas, et qui sous prétexte de faire plaisir à leurs
enfants fréquentent les concerts de Mylène Farmer (c'est par ici, cliquez pour relire), j'ai accédé au désir des miens de voir le film JAPPELOUP. Parce que comme ça,
sur le papier, un film avec des canassons qui courent (sauf s’il y a des
cowboys et des indiens dessus) ça ne me passionne pas plus que de mater des
gugusses à motos ou en voiture Malboro
faire 70 fois le tour d’un circuit. Et puis Guillaume Canet au scénario,
j’avais déjà testé avec LES PETITS MOUCHOIRS…
Alors pour ceux qui (comme moi)
ignoreraient tout de cette (réelle) histoire, résumons… Jappeloup est le nom d’un
cheval, un petit gabarit, mais qui épate par sa détente. Son propriétaire le
vend à Pierre Durand, ancien avocat de la région de Bordeaux. Le cavalier et sa
monture se présentent à des compétitions de saut d’obstacles,
gagnent concours sur concours, sont admis en équipe de France pour participer au JO de Los Angeles en 1984…
Par définition, dans un biopic,
on connait l’histoire, et on connait la fin. Et pour un biopic sportif en
particulier, ça tue un peu le suspens. Puisqu’on sait que Pierre Durand chute
en finale des JO de 84, mais gagnera ceux de 88 à Séoul. Donc question : quel est
l’intérêt de faire un tel film ? Parce que l'histoire est édifiante, et au-delà de l’exploit purement sportif, il y avait une matière dramatique,
et psychologique non dénuée d'intérêt.
Guillaume Canet, on le sait, à
un passé équestre non négligeable, des années de compétitions avant une chute
qui ruine sa carrière. Le cinéma en hérite (non non, nul sarcasme dans ma
remarque). Ceci pour dire qu’il connait son sujet, et tant mieux. L’avantage
étant que lorsque qu’on voit le personnage de Pierre Durand à cheval, c’est
réellement Guillaume Canet sur le canasson. Ce qui nous évite les fameux plans
de doublure (gros plan visage / plan d’ensemble) et accentue la véracité du
projet.
Canet assure l’écriture du film, son interprétation, confie la
réalisation à Christian Dugay, un canadien réalisateur de télé, ou de série B
d’action (il a tourné avec Wesley Snipes), bref un type rôdé à l’exercice, qui assurera le boulot sans trop la ramener.
L’ombre de Canet plane sur le film. Il choisit comme partenaire Marina Hands,
elle-même cavalière avant sa carrière d’actrice, et que Canet avait croisée par
le passé en compétition. Il soigne sa bande son, qui puise dans le pop/rock
70’s – 80’s. Et il réserve une petite place à son pote Jean Rochefort, pour une
très courte apparition dans son propre rôle (Rochefort étant lui aussi un
passionné de cheval).
Pour ce genre de projet, on
peut s’attendre au pire, mais Guillaume Canet à l’intelligence de ne pas tomber
dans les pièges classiques. D’abord, il évite le côté gnan-gnan de la relation
cheval-cavalier, du genre, on dort ensemble, on mange ensemble, on part en
vacances ensemble, je frémis quand l’autre à de la fièvre… Non ! Rien de
tout cela, au contraire, puisque Pierre Durand dans le film n’a de cesse de
rabaisser Jappeloup, trop petit, instable, ingérable. Ce qu’on lui reprochera
après sa chute en 1984, lui signifiant que le cavalier et le cheval doivent
ressentir une confiance mutuelle pour que le couple fonctionne. Une scène
montre Durand qui va voir son cheval dans son box, ce dernier méfiant,
préférant s’éloigner. Deuxième piège
évité, la sacralisation du sportif, du vainqueur. Ici, point de héros. Un type
plutôt antipathique, orgueilleux, limite casse bonbons, qui s’intègre difficilement
dans l’équipe de France, s’entend particulièrement mal avec l’entraineur Marcel
Rozier (impeccable Tchéky Karyo) que Durand soupçonne de vouloir saboter sa
carrière (véridique, ou trame scénaristique ?). D’ailleurs, l’impression
qui domine, c’est que le cheval avait plus de talent que son cavalier…
Un grand film français
populaire ne saurait se tourner sans des acteurs solides. On est gâté. Les
parents de Durand sont joués par Daniel Auteuil, sobre, parfait, Gitane au bec à chaque plan, (vous avouerez que c’est
cocasse… Auteuil, pour un éleveur de chevaux !) et la toujours très juste Marie Bunel.
On a le bonheur d’avoir aussi Jacques
Higelin et sa tignasse grisonnante, impérial, Tchéky Karyo qui fait la gueule
(donc excellent) et cerise sur la gâteau, une participation de Donald
Sutherland, toute barbe et chevelure au vent, dans le rôle d’un acheteur
américain intéressé par Jappeloup. Et que Pierre Durand consent à vendre
d’ailleurs. C’est dire s’il estime son cheval ! Mais Durand va être papa, sa carrière d'avocat est au point mort, il a besoin de fric. Si la vente ne se fait pas, ce
n’est pas que Durand change d’avis à la dernière minute, genre, ultime sursaut
de lucidité, sortez les violons, le sentimentalisme et le coucher de soleil sur la baie d'Arcachon, non, mais parce que les analyses vétérinaires révèlent que le cheval
est malade, et la vente est annulée. Et toujours au rayon acteur (après tout, c’est le
premier rôle !) précisions que Jappeloup est interprété par 9 chevaux
distincts, utilisés selon les scènes à tourner. Ils sont tous formidables !
La relation Durand père-fils
est intéressante, sur les rêves par procuration, les espoirs mis dans ses enfants, ce qu'on est prêt à faire, ou pas, pour eux. Le décès du père est rendu avec sobriété, sans lourdeur
ni larmoyant, les liens sont psychologiquement simples, mais justes. La mère de
Durand refuse elle de regarder son fils à la télé, traumatisée par une ancienne
chute du fiston !
Alors, oui, ce film est très
académique, raconte une histoire dont on connait chaque détail et surtout
l’issue. Mais ça fonctionne. Les scènes de compétitions sont filmées
efficacement (le fait que Canet monte réellement y est pour beaucoup) mais sans
esbroufe de caméra, seuls les ralentis sur obstacle ont tendance à m’agacer,
parfaitement inutiles (je n’ai jamais compris pourquoi on filme des courses de
vitesses en utilisant des ralentis, comme dans LES CHARRIOTS DE FEU !!).
Et le suspens sportif fonctionne tout de même, ce qui est fort ! Spectacle
familial, ultra classique, bien joué, intelligemment
écrit, documenté, sans prétention, bref, du bon vieux cinoche. La semaine
dernière, je fondais beaucoup d’espoir (déçu) sur le Bacri-Jaoui (cliquez ici pour relire) et là, sachant
que je ne m’attendais à rien, je ressors finalement de la salle plutôt
agréablement surpris.
Couleurs - 2h10 - scope 2:35
Couleurs - 2h10 - scope 2:35
Mon petit couplet habituel : pffff... 2h10... On ne s’ennuie pas, mais, y'avait peut-être moyen de raccourcir d'un p'tit quart d'heure, non ?
La bande annonce qui ne rend pas justice au film, et peut faire craindre le pire, enfilant tous les poncifs...
Le chroniqueur qui pour faire plaisir à sa fille (Et à lui même)l'emmène voir un concert de Mylène Farmer, ira voir ce film avec elle.Le grand Higelin sur une affiche de ciné, on avait pas vu ça depuis "Colette une femme libre" en 2003 (Nouvelle album à venir sous peut)
RépondreSupprimer