Ce que j’aime dans les polars (au sens
large du terme, enquêtes, thrillers, suspense,
qu’ils soient gore ou à l’ambiance feutrée), c’est qu’on se retrouve
vite happé par l’intrigue, que les pages se tournent les unes après les autres
sans qu’on s’en aperçoive, et qu’on a rarement de relire 3 fois la même phrase
pour comprendre réellement ce que l’auteur veut nous dire.
Ce que je n’aime pas dans les polars,
c’est que l’écriture pour être efficace est souvent assez pauvre, que la trame
est toujours la même, qu’on devine généralement la fin en éliminant simplement
les coupables les plus probables et que
bien souvent on a l’impression de regarder une série TV. Pas forcément une
mauvaise série, mais bon, pas de celles qui laisse des souvenirs impérissables
non plus.
Finalement on finit par lire toujours
un peu la même chose, quand on ne se limite pas aux mêmes auteurs, et à leurs
flics ou enquêteurs récurrents. Parce que les polars qui nous surprennent, ceux
qui nous marquent, ils se comptent sur les doigts d’une main. Les éditeurs ont
beau nous appâter à coup de 4èmes de couverture alléchantes, truffées de
commentaires dithyrambiques d’autres auteurs de thriller, il y a souvent un je
ne sais quoi de décevant dans le roman : soit l’auteur en fait trop, soit
la fin est ratée, soit l’intrigue est cousue de fil blanc, soit les personnages
ne tiennent pas la route...
He bien là, non ! Pas un regret,
pas un « dommage que... », pas un « mouais, ça commençait si
bien ». Rien de tout ça. C’est même plutôt le contraire. Parce qu’au
départ, LES APPARENCES ne paraît pas différent d’un Harlan Coben. Certes, on
est tout de suite pris dans l’histoire, mais côté efficacité, Harlan Coben,
sait aussi très bien y faire. Et en matière d’intrigue, le point de départ des APPARENCES
n’annonce rien de très original.
Carthage, Missouri |
Jusque-là, un thriller on ne peut plus
banal en apparence. Sauf que très vite, on sent bien que l’auteur va aller
au-delà. Impression confirmée quand la
première partie se conclut sur un rebondissement magistral, qui fait prendre à
l’intrigue une autre direction. Au fur et à mesure de la lecture, les coups de théâtre
se multiplient, mais contrairement à d’autres polars, les retournements de
situation ne portent pas sur le coupable, mais sur le comment et le pourquoi de
l’intrigue, et finissent même par faire glisser le roman de thriller à l’étude
de mœurs. C’est d’ailleurs la principale
critique que peuvent lui faire ses détracteurs : d’avoir été bernés et de ne
pas y trouver un simple polar.
Gillian Flynn est une manipulatrice. Dans
ce roman, le 3ème qu’elle a publié, l’auteure américaine joue avec nos nerfs mais
aussi avec nos sentiments en faisant sans cesse basculer notre sympathie pour
les différents protagonistes de l’histoire,
et s’amuse à nous révéler leurs forces, leurs
fêlures et leurs mensonges au gré des
pages. Derrière les apparences (le titre français est tellement bien
trouvé !), elle dissimule une vision cynique du couple et de la société
américaine en pleine crise qu’elle dépeint avec une écriture précise et parfaitement
maitrisée. Il y a du médecin légiste en elle, sauf que c’est la vie conjugale
qu’elle autopsie pour nous montrer sous la pointe de son scalpel la noirceur de
ses entrailles. Sous ses airs de thriller gentillet aux personnages stéréotypés
et sans le moindre bain de sang, son roman a une face sombre, machiavélique, et
on referme le livre plus déstabilisé que jamais par un final particulièrement troublant
et surprenant.
Lu avec intérêt cette petite chronique. Toujours à la recherche de nouveaux auteurs, je vais essayer cette Gillian Flynn que je ne connais point. Lorsque j'en aurais terminé avec le pavé de Karine Giebel "Meurtres pour rédemption", un thriller (francais) absolument remarquable, mais je serais tenté de dire que Karine Giebel est remarquable.
RépondreSupprimerA propos de disparition inexpliquée...je viens de finir "Cette nuit là" de Linwood Barclay, excellent! Amicalement JP.
Super, je note de mon côté ces deux auteurs que je ne connais pas. Si je les lis (ce n’est pas que je ne veux pas, mais que ma pile de livres à lire menace de s'écrouler vu sa hauteur), je ferai une chronique dessus.
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