jeudi 22 mars 2012
ERIC BIBB "Deeper in the well" (2012) par Rockin-JL
Je ne vous ferai pas l'injure de vous présenter trop longuement Eric Bibb, si vous lisez ce blog régulièrement il serait étonnant que vous n'ayez pas dans un coin quelques CD du monsieur. Il faut dire que celui ci, 61 ans cette année, est l'un des troubadours majeurs du blues contemporain, voyageur infatigable, guitare en bandoulière il porte la bonne parole de blues de concerts en festivals, de continents en continents, racontant ses histoires tel un griot. Issu d'une famille de musiciens, son père était le chanteur Léon Bibb, son oncle le pianiste John Lewis, son parrain le songwriter Paul Robeson et défilaient à la maison des Pete Seeger, Josh White ou Odetta...de quoi tomber dans la marmite du blues à l'heure ou certains en sont encore aux premiers "ahreu", du blues mais aussi du folk et de la country, puisque c'est à toutes ses musiques que sera Bibb-ronné le petit Eric, qui fréquenta aussi un temps Greenwich Village, à l'époque haut lieu underground de New York. Très productif depuis le milieu des années 90, ce "Deeper in the well" est son 20ème album et -même si je ne connais pas l'intégralité de sa discographie- est certainement à ranger sur le dessus de la pile.
Enregistré en Louisiane, carrefour d'influences musicales, cette production Dixiefrog qui a pour écrin un beau digipack superbement illustré de clichés du bayou nous emmène pour un voyage initiatique dans les racines de la mangrove, à la pêche aux crawfish avant de déguster un jambalaya bien épicé. Bibb y joue guitares, banjo, cigar box, accompagné de l'harmoniciste Grant Dermody, de Dirk Powell (banjo, fiddle, mandoline, accordéon, basse), Cedric Watson (fiddle), Danny Wilder (drums) et Christine Balfa au triangle cajun. On le voit l'instrumentation fait la part belle aux instruments traditionnels de la musique cajun, et donne sa saveur particulière à cet album.
"Bayou Belle" nous plonge d'entrée dans les eaux boueuses, pour nager au clair de lune avec une sirène, la "belle du bayou", entre musique swamp et cérémonie vaudou, entre Tony Joe White et Dr John, avec ses percussions insinuantes et son harmo discret; un titre irrésistible. Puis "Dig a little deeper in the well" , une reprise du chanteur country Roger Dale Bowling qui donne son titre à l'album oscille entre cajun et country et donne irrésistiblement envie de danser autour du feu (si vous êtes en appartement, dansez devant le radiateur, le résultat est le même). Sans détailler tous les titres nous aurons aussi des traditionnels avec "Boll Weevil", un pur blues terrien, comme "No further" et "Sinner man"; des reprises de Taj Mahal ("every wind on the river" avec en invités Michael Browne au banjo et à la mandoline et Michel Pepin , guitares et mixage), du bluesman canadien Harrison Kennedy ("could be yo, could be me") et de Bob Dylan ("the times they are a changin"); une ballade country ("music"), du pur cajun avec l'instrumental "movin up" ou "money in your pocket". A signaler aussi la présence du virtuose du dobro Jerry Douglas sur "in my time".
Au crossroad de la folk, du blues, de la country et des musiques de la Louisiane, Eric Bibb délivre là un album qui fera date, parfois intimiste, souvent entrainant, servi par des musiciens virtuoses (mention à l'harmoniciste Grant Dermody) et bien sur par un Bibb lui même à la voix et au toucher de velours.
chronique parue simultanément dans le No 28 de la revue BCR
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