Pierre et le Loup - Carnaval des Animaux – Histoire de Babar… Animaux Modèles - par Claude Toon
Musique pas vraiment classique pour la 3ème étape
divertissante pour les fêtes de Noël. N’oublions pas les enfants (ceux qui
n’ont pas encore l’âge où l’activité se résume à se muscler les pouces
scotchés devant un écran LCD). Les petits aiment bien encore écouter des
histoires et contes, blottis contre papa maman sur le canapé…
Donc cette semaine : un album avec trois contes musicaux bien
connus :
Pierre et le loup de Serge
Prokofiev, le
Carnaval des animaux de
Camille Saint-Saëns et
l’Histoire de Babar mise en
musique par Francis Poulenc et Jean Françaix.
Pierre et le Loup
On ne raconte plus aux adultes l’histoire de petit Pierre,
garçonnet courageux et imaginatif qui fera prisonnier un loup surgi de
la forêt. Ses amis l’oiseau, le chat et le
canard seront alliés ou victimes de cet exploit, au désespoir du
Grand-père pas vraiment rassuré par ces initiatives. Heureusement
les chasseurs donneront un viril coup de main…
C’est lors de son retour définitif en URSS en 1936 que
Prokofiev écrit ce conte à la demande de Natalia Saz, la
directrice artistique du Théâtre central pour enfants de Moscou. Natalia
Saz sera la récitante lors de la création le 2 mai 1936. Le compositeur
écrira à la fois le récit et la musique.
Le récitant a un rôle essentiel pour captiver l’enfant. Le célèbre
enregistrement de Gérard Philippe accompagné par un orchestre
russe dirigé par Guennadi Rojdestvenski est au catalogue et
depuis un demi-siècle.
Mouii… Certes une interprétation monophonique mythique (1956), mais
apparaissant de nos jours un soupçon didactique et illustrée par un
orchestre sans grande malice. Aïe Aïe Aïe, je jette surement un pavé dans
la mare.
Je vous propose de suivre petit Pierre dans ses aventures avec…
Claude Pieplu. Vous connaissez je pense l’inénarrable
commentateur des Shadocks, sans compter l’acteur génial à la voix
pateline et sarcastique. Souvenez-vous du rôle du professeur dilettante
dans le Paltoquet de
Michel Deville ou l’inquiétant voisin vielle France, précieux et
grincheux dans
Le Locataire de
Roman Polanski.
Pour ceux qui ont connu les sketchs délirants du "Palace", "homme au clés d'or",
vous imaginiez l’incroyable variété de ton, d’humour décalé et de facétie
du comédien, un répertoire unique de mimiques verbales que l’acteur a su
insuffler à ce joli conte… en moins impertinent, bien évidemment. Je
rassure les parents, Pieplu s'adresse aux enfants...
-
Heuuu… oui Luc et Rockin, je m’égare….
Illustration extraite du livre de Erna Voigt (édition
Gallimard)
Claude Pieplu
se détourne-t-il du rôle de narrateur pédagogique pour enfants
sages ? Oui ! Il intègre un à un chaque personnage, chaque
instrument dédié. Il ronchonne quand le grand-père tance petit Pierre,
s’affole avec le canard, susurre à mi-voix pour préciser que l’oiseau
s’est réfugié dans l’arbre… pas trop près du chat ! Il chuchote comme
pour éviter d’alerter le félin…
C’est tordant !!! J’entends mes enfants encore petits hurler de
rire quand Claude Pieplu annonce à la fin que le canard survit dans
l’estomac du loup, prenant un air fataliste et goguenard pour conclure
" … car dans sa hâte, le loup l’avait avalé vivant". Pauvre canard, mauvais endroit, mauvais moment !!
L’Orchestre de Paris - la grande époque de sa création -
est dirigé par Igor Markevitch, un chef d’origine Russe
disparu en 1983. Ce chef perfectionniste, hélas un peu oublié (sauf des
mélomanes), fait briller les instruments-personnages de mille feux. Les
bois étaient parmi les meilleurs de l’école française et du monde à
cette époque. Il émane des cordes une poésie magique. La promenade de
Pierre est d'une allégresse matinale de grande finesse. En bonus : une
magnifique prise de son. Il est important que les jeunes oreilles se
familiarisent tôt aux sonorités justes.
Mes enfants confirment : sans doute un souvenir sans pareil
d’espièglerie et de découverte de l’orchestre dans leur enfance.
A mon sens la version stéréophonique de référence. Et puis les
compléments concernent toujours nos chères têtes blondes.
Le carnaval des animaux
Camille Saint-Saëns
(1835-1921) composa cette "fantaisie zoologique" en 1886. On se moqua de lui, l'estimant indigne de cette
composition farfelue et elle ne fut plus jouer de son vivant. Elle est
pourtant une excellente initiation à la fois aux diverses sonorités
instrumentales et à la découverte de la musique descriptive. L'ouvrage
est écrit pour deux pianos et orchestre. Dans cet enregistrement de
luxe, Alexis Weissenberg et Aldo Ciccolini assurent avec
fougue les parties pianistiques, et
l'Orchestre du Conservatoire qui allait devenir l'orchestre de
Paris est conduit avec poigne par Georges Prêtre, un des plus
grands chefs français encore vivants. Elle comprend 9 courtes
pièces dont un Final.
L'introduction est dédiée au lion, ROI des animaux et qui tient à ce
qu'on le sache. Saint-Saëns fait rugir les cordes lascivement. Le lion
s'étire et se pavane en marchant comme un sultan. Plus loin, quel enfant
n'a pas souri en entendant la pesante et empruntée contrebasse
s'essouffler en accompagnant l'éléphant ? Et le compositeur qui n'a peur
de rien fait même intervenir des fossiles de dinosaures qui montent des
gammes pour passer le temps. Forcément, ils en ont, du temps. Et puis
comme ils sont morts et bien morts, Saint-Saëns leur rend hommage avec
sa propre Danse Macabre et du Rossini (ça ce n'est pas
charitable). Ah, le cygne, un violoncelle nage avec grâce,
nonchalance et un peu d'emphase pour bien signifier son statut élevé
dans le monde socio-culturel animal, une très belle pièce. Le final se
présente comme un défilé joyeux de toutes ses créatures. Les pianistes
et le chef sont au sommet de leur art dans cette pantomime
animalière.
L’histoire de Babar
Pour poursuivre dans l’univers enfantin, ce CD est complété par
l’histoire de Babar d’après les textes de
Jean de Brunhoff, mis en musique par Francis Poulenc et
orchestré par Jean Françaix. Soyons clair,
Peter Ustinov ne retrouve guère la verve de
Claude Pieplu et le duo Poulenc –
Françaix propose un simple accompagnement musical, là où
Prokofiev animait vents, cordes et percussions comme des acteurs
instrumentaux.
Attention ! Nos enfants n’ayant pas encore l’esprit critique
(sauf pour les légumes verts), ne gâchons pas leur plaisir, laissons
les écouter cette histoire, la musique et rêver… Et puis il y a plein
de rebondissements pour animer ce conte.
C'est amusant même si un chasseur tue la maman de Babar, le même destin
que Bambi. Les pages symphoniques sont assez élégantes quoiqu'un peu
mornes. Il est vrai qu'après Prokofiev, relever le gant est difficile.
Georges Prêtre sauve tout cela grâce à une direction percutante, un
orchestre cocasse et cuivré qui flirte avec la musique de cirque.
Le animaux modèles
La suite composée par
Francis Poulenc
vers 1940-41 est extraite d'un ballet éponyme commandé par Jacques
Rouché directeur de l'Opéra de Paris. Serge Lifar créera la
chorégraphie. Créé avec succès le 8 août 1942 à l'Opéra Garnier par
Roger Désormière, la partition s'inspire des contes de La Fontaine pour les
caractères des personnages pensés à l'image des peintures des
frères Le Nain. Le titre est une idée de
Paul Éluard.
La suite comporte six pièces. Et puisque la chronique du jour se
veut animalière, nous écoutons aussi le carnaval des animaux par les
mêmes interprètes, à savoir
Georges Prêtre
dirigeant
l'Orchestre du conservatoire
(ex
Orchestre de Paris). Deux listes dans le zoo de la vidéo 😊
Carnaval des animaux
Animaux Modèles
1.Introduction et marche royale du lion
2.Poules et coqs - Hémiones
3.Tortues - L'éléphant – Kangourous
4.Aquarium
5.Personnages à longues oreilles
6.Pianistes
7.Fossiles
8.Cygne
9.Final
10.Petit jour : très calme
11.Le Lion amoureux : passionnément animé.
12.L'Homme entre deux âges et ses deux maîtresses :
prestissimo
13.La mort et le bûcheron : très lent
14.Le combat des deux coqs : très modéré
15.Le repas de midi
Vidéos
La vidéo De Pierre et Le loup avec Papa Pieplus n'est pas disponible.
Voici celle avec Peter Ustinov ç faire écouter au enfants sages
:
Et l'histoire de babar nous est contée par... Jacques Brel avec
l'Orchestre des concerts Lamoureux... Ce n'est pas le programme prévu
mais de vous à moi... le grand Jacques, c'est cool !!!! Et comme
promis la palylist du Carnal des animaix et les animaux
modèles...
Extrait de Fantasia 2000 : Le final du Carnaval des animaux
« les flamands roses » interprété par l’orchestre
symphonique de Chicago sous la direction de James Levine (rien que
ça).
Cher monsieur Toon, merci pour ce superbe article rendant hommage à l'une des meilleures versions de Pierre et le Loup. Et le choix de la vidéo de Fantasia 2000 pour Le Carnaval des Animaux constitue un agréable friandise pour conclure cette chronique. Toutefois, dans un registre un peu plus adulte, vous avez aussi cette version qui n'est pas mal non plus. ;) http://www.youtube.com/watch?v=VJpowNuSXMk
Cher monsieur Toon, merci pour ce superbe article rendant hommage à l'une des meilleures versions de Pierre et le Loup. Et le choix de la vidéo de Fantasia 2000 pour Le Carnaval des Animaux constitue un agréable friandise pour conclure cette chronique.
RépondreSupprimerToutefois, dans un registre un peu plus adulte, vous avez aussi cette version qui n'est pas mal non plus. ;)
http://www.youtube.com/watch?v=VJpowNuSXMk