Rappel(s)…
Lorsqu'il faut évoquer une figure aussi emblématique de la musique Rock (terme volontairement généraliste ici) que celle de GENESIS, un nom en particulier nous vient forcément et instantanément à l'esprit, celui de son batteur et chanteur, Phil Collins. Il faut dire que le bonhomme aura marqué durablement de son empreinte une décennie, voire deux, au service d'une musique faisant généralement le bonheur des stations de radios et des chaines de TV du monde entier. Le moins que l'on puisse dire, c'est que quelques soient les domaines dans lesquels il aura œuvré, Phil Collins n'aura cessé de créer la controverse tout au long de sa foisonnante carrière, qu'elle se fasse au sein de GENESIS, ou lors de ses multiples réalisations en solo. En ce qui concerne ces dernières, je le concède sans mal, je n'ai que très rarement répondu favorablement à ce que nous appelons, nous les musiciens de tous bords, de la "variétoche" (avec tout le snobisme qui nous caractérise parfois).
Une bonne affaire pour moi ! Car c'est bien de GENESIS, et uniquement de GENESIS dont je viens vous parler ici.
D'abord, rappelons que l'aventure du groupe, avec Phil Collins en tant que "leader" proclamé, s'était interrompue de façon assez trouble, sans véritable communiqué officiel, peu après leur dernière tournée de 92. Aussi, quand Tony Banks et Mike Rutherford envisagent de continuer de conduire seuls pareil vaisseau, sans "l'ami-ral" à leurs côtés, l'entreprise se révèle finalement un défi quasi impossible, et se soldera, après l'échec de Calling all Stations (1997), par l'arrêt définitif du groupe. Musicalement, l'album était pourtant assez solide. Je pose alors la question, à tous les détracteurs qui n'avaient eu cesse d'assassiner le groupe lorsqu'il était alors au firmament de son succès commercial : Pourquoi n'étiez-vous pas plus au rendez-vous, lorsque Tony et Mike étaient revenus à une écriture plus encline à vous satisfaire ?
Tout ça pour dire que, GENESIS, avec ou sans Peter Gabriel, avec ou sans Steve Hackett, avec ou sans Phil Collins ; GENESIS donc, n'aura cessé d'être vilipendé tout au long de sa longue carrière, quels que soient les musiciens en lice où l'inspiration musicale du moment.
Boucler la boucle
De quel bord que l'on soit, j'ai le sentiment que quelque chose nous restait tous en travers de la gorge. N'était-ce pas également le même sentiment du côté du groupe ? Vous savez, cette espèce d'histoire avortée, ce clap de fin qui ne s'était jamais vraiment fait clairement entendre.
C'est alors que Mike, Tony et Phil décidèrent d'un commun accord de se retrouver et de tenter de réunir toute la famille dans son intégralité. L'objectif pourrait se résumer à ça: "On est tous venus vous dire merci pour cette longue, si incroyable et si singulière aventure vécue ensemble durant près de 30 ans". Voilà en vérité la seule et unique raison de cette mini tournée, puisqu'il n'y avait, musicalement parlant, rien de neuf à promouvoir. Je vous invite d'ailleurs à lire le très bel ouvrage, Genesis toute l'aventure, qui devrait vous éclairer sur ce que fût vraiment la formation anglaise aux travers de ses diverses personnalités. D'abord de la part de ses acteurs, mais également aux travers des multiples témoignages de tous ces hommes de l'ombre, qui ne sont jamais pour rien dans le succès d'un groupe : Manager, producteurs, dirigeants de maisons de disques, etc. Ce livre, ce pavé, est le plus parfait complément des DVDs dont je vais maintenant vous parler. Un triple DVD, When in Rome, paru en 2007.
Premier constat, l'adieu tel qu'il avait été envisagé par Phil and Co n'aura finalement pas pu être concrétisé. L'ange Gabriel dites-vous ?
Filmé en Italie en plein air, par le toujours excellent réalisateur David Mallet, et devant un parterre composé de dizaine de milliers de personnes (une marée humaine en vérité), ce concert immortalise la dernière date que comptait les 20 programmées sur le continent européen. Les 20 autres se joueront aux États Unis.Come Rain or Shine,
Avant de vous livrer mes impressions sur le contenu de cet ultime "Reunion Tour" (les 2 premiers DVD), sachez que la troisième galette, intitulée Come Rain or Shine, nous permet de nous immerger durant 2 heures dans l'antre du monstre GENESIS. Les retrouvailles, après quinze ans de séparation, les premières répétions laborieuses... On s'aperçoit alors très vite que tous les automatismes ne sont pas revenus aussi facilement qu'on aurait pu le croire. Le poids des ans ne faisant rien à l'affaire, il aura fallu beaucoup de travail, surtout à Phil, pour se réapproprier certains morceaux. Le concert sera heureusement là pour nous démontrer que le bonhomme en a encore suffisamment dans le coffre, sous les pieds et entre les mains. Tout de même, le batteur comme le chanteur, concédera, non sans humour, qu'il n'a plus tout à fait ses facultés d'antan. Alors, face à ce foisonnement d'images, on se surprend parfois à douter et à trembler pour que tout se passe comme prévu le jour venu. Phil étant le plus parfait des autodidactes, il sait qu'il ne peut compter que sur le retour de certains de ses automatismes, sur sa mémoire, sur son instinct, à force de travail surtout.
L'aspect technique prend également une importance capitale pour le bon fonctionnement et le bon déroulement du spectacle. Come Rain or Shine est aussi là pour en témoigner. Ces mecs sont des perfectionnistes en toutes choses. Ils ne négligeront aucun détail du début à la fin. Au final, le terme "colossal" prend toute sa légitimité pour traduire au mieux le gigantisme d'un Show tel que celui-ci. Ce n'est pas seulement grand ou seulement beau, c'est tout bonnement immense à tous les niveaux. Là aussi, Come Rain or Shine ne nous épargne aucun détail quant à la construction et l'édification de ce projet pharaonique. Je vous invite d'ailleurs à visionner toutes ces images avant, afin de profiter encore d'avantage de ces quelques 2H30 d'un spectacle au sommet.
Musique Maestros ! Les 2 DVD du concert…
Après une très jolie introduction sous forme de rétrospective, les vraies hostilités commencent avec l'instrumental "Dukes". D'emblée, voilà qui nous rappelle (si besoin était) qu'avant de devenir le chanteur attitré du groupe en 1976, Phil Collins en était d'abord le batteur. Et quel batteur ! Sitôt après, alors que me voici déjà placé dans les meilleurs dispositions, déboule "Turn it on Again" (toujours issu de l'album Duke). Incontestablement, on remarquera que le tempo se fait plus lourd que d'ordinaire. Pas grave. En revanche, on sent que la machine n'a pas tournée pendant de nombreuses années.
Il faudra donc attendre un peu pour que Phil retrouve pleinement ses marques. Le groupe, sans doute soucieux de ne pas décevoir, est clairement tendu, en tout cas hyper concentré; Sûrement tendu car Phil ne manque pas de déraper en reprenant un poil trop tôt sa dernière partie chanté sur ce morceau. Houp là ! La belle pirouette. Il faut dire que, sous son apparente et fausse simplicité rythmique, le morceau tourne sur une mesure impaire toutes les 4 mesures. En tout cas, et en ce sens, voilà qui rend d'ores et déjà ce concert plus humain que je ne l'aurais imaginé. Rassurez-vous, ce sera là le seul véritable petit accroc de ce spectacle joué à la perfection d'un bout à l'autre. Même si l'on remarquera (pour les plus tatillons) que plusieurs tempos auront été sensiblement revus à la baisse. Idem en ce qui concerne la perte de dynamisme dans la voix de Phil. L'homme n'a plus trente ans depuis longtemps, tout simplement. Voilà sûrement qui ne manquera pas non plus de donner à nouveau aux détracteurs de quoi continuer de se faire les dents sur ce que fut et/ou aura été le groupe.
Pour ma part, je trouve, au contraire, que ces hypothétiques petits coups de "moins bien" mettent encore plus en évidence les talents respectifs de chacun des musiciens quant à la qualité de chacune de leurs compositions... Communes ou non. Il est en effet important de souligner combien la musique de ce groupe reste unique en son genre, quelque en soit la période dans laquelle elle s'inscrit. Quand même, redécouvrir "In the Cage" et son medley (18 mn au compteur tout de même !), constitué de "Cinema Show" et "Dukes Travels", suivi de "Afterglow", m'émeut il est vrai bien d'avantage que de réentendre "Hold on my Heart" ou "I can't Dance". Forcément ! Lorsque l'autre jour, je vous parlais de l'un de mes premier vrai choc musical, celui de Three Sides Live en fut un autre (découvrant à cette occasion, et pour la première fois, la version (en Live) de "In the cage").
Et des morceaux de bravoures de ce calibre-là, des titres d'anthologies, ce When in Rome n'en est pas avare.A ce stade de ma chronique, certains d'entre vous doivent se dire que le Chaméléon doit obligatoirement être un grand connaisseur du groupe. Ce serait une erreur que de le croire !!! Car sur la quinzaine d'albums studio (enregistrements public non compris) qu'aura produit la formation, je n'en possède à ce jour qu'une petite moitié (Lives compris). Sachant qu'en ce qui les concerne, ils se situent plutôt dans la période la moins glorieuse du groupe, comme l'affirmeraient sans doutes bien des puristes. Justement, When in Rome est aussi à considérer comme un excellent moyen de découvrir quelques pièces maîtresses du groupe. In the cage et son medley bien sûr, mais aussi quelques autres extraits tirés d'albums "références" tels que Sailing england by the Pound ou A Trick of the Tail. Tous ces extraits m'auront séduit au point où me voici aujourd'hui décidé à compléter conséquemment ma discographie du groupe. Grâce à la merveilleuse et émouvante version de "Ripples", je suis d'ores et déjà en possession de A Trick of the Tail. Verdict: Ce premier disque, réalisé en 76 après le départ de Peter Gabriel, est un vrai enchantement pour mes oreilles ! D'autre part, rien qu'à l'écoute des deux morceaux que sont, l'ultra fédérateur "I Know what I like (in your Wardrobe)" ou "Firth of Fith", GENESIS fait montre d'une mise en place et d'une musicalité proprement sidérante de beauté et de professionnalisme. Tous ces titres permettent également de mettre particulièrement en valeur, et comme ils le méritent, l'excellence des deux musiciens qui accompagnent le groupe depuis le début des années 80. L'ex batteur de Franck Zappa et de Weather Report, Chester Thompson, y est renversant de précision. Et quel son ! Daryl Stuermer, qui se partage les guitares et la basse avec le toujours discret et élégant Mike Rutherford, illumine littéralement certains chorus, jadis écrits et joués par l'éminent Steve Hackett. Quel remarquable feeling, quelle sensibilité que celle de ce musicien !
En résumé, cet ultime témoignage de ce dinosaure du Rock Progressif et de la musique populaire (et ce n'est pas un gros mot) est un régal absolu pour tous ceux qui se réclame de la musique "chiadée". Quand bien même il y aurait toujours à redire sur le choix de tels ou tels morceaux au détriment de certains autres. Pour ma part, GENESIS aura été grand jusqu'au bout... Et j'y retourne !
Set List
Vidéos
Le clip "Ripples".
Bravo pour cet article sur le groupe GENESIS. C'est toute ma jeunesse qui me revient aux oreilles et aux yeux... merci!
RépondreSupprimersigné : Mumu
N'étant pas, comme vous l'aurez remarqué, le plus grand connaisseur de l'oeuvre de Genesis, j'ai tout de même eu l'envie de réabilité ce géant, d'avantage en faisant parler mon coeur plutôt que de tenter de donner la leçon. La leçon, c'est bien Genesis qui la donne.
RépondreSupprimerSi tout le plaisir que m'aura procuré la vision de ce spectacle est parvenu à vous toucher également, ne serait ce qu'en vous ayant permis de vous plonger, à votre tour, dans vos souvenirs de jeunesse, c'est une bien belle récompense et un bien bel honneur que vous me faite. Merci beaucoup Mumu.
Le Chaméléon.
La qualité de l'image dans le DVD est comment ?
RépondreSupprimerEt le son est-il bon ?
Ici au Canada, difficile de trouver.. surtout le même show (Genesis - When in Rome) mais en Blu-ray.
Je tombe a l'instant sur votre message cher Choya1s.
RépondreSupprimerPardon de cette réponse aussi tardive donc. Ety bien vous pouvez me croire sur parole, le son comme l'image sont en tous points exceptionnels.
Bien a vous !