mardi 27 septembre 2011

"ABLAYE NDIAYE THIOSSANE" (2011) par Rockin-jl


Dans ce monde musical pourri et parasité de poufs siliconées et de minets formatés (ou l’inverse) il arrive parfois de petits miracles, sous la forme d’authentiques artistes à qui après toute une vie consacrée à la musique on propose enfin de graver leur art pour l’éternité ( ou presque) sous forme d’un disque . Dans ce genre de découvertes tardives viennent à l’esprit des gens comme les artistes du Buena Vista Social Club, sortis de Cuba par le doc de Wim Wenders ou des bluesmen comme Charles Caldwell ou Tomcat Courtney, et bien sur Ablaye Ndiaye Thiossane, objet de ce papier.
C’est donc à l’age respectable de 75 ans –il est né en 1936- que le « vieux sage » sénégalais Thiossane sort son premier album ; pour autant il ne s’agit ni d’un débutant ni d’un inconnu, du moins sur le continent africain.
Issu d’une famille de griots, il chante dès 1952 sous l’influence des disques familiaux, afro- cubain, jazz , Harry Belafonte ou…Tino Rossi (et 60 ans plus tard le petit Papa Noël arrive enfin pour l’enregistrer..) . Parallèlement il fait l’ENA, pas celle de nos chers cols blancs qui nous mènent à la ruine, mais l’Ecole Nationale des Arts et se distingue aussi par ses peintures et participe à de nombreuses expositions renommées, il sera aussi peintre-cartonnier à la manufacture de tapis de Thiès; un artiste complet donc.
une de ses toiles

Il aura son heure de gloire en 1966, en chantant l’hymne du Festival Mondial des Arts Nègres de Dakar ,initié par le président /poète Léopold Sédar Senghor, « Talene Lempe Yi » qui aura un gros succès.
Thiossane continuera son bonhomme de chemin, se partageant entre peinture et musique, avec son orchestre le Thiossane Club ou l’Orchestre National du Sénégal, jusqu’à ce que le producteur Ibrahima Sylla le pousse vers les studios en 2010.
Il en sortira avec cet album sous le bras, heureux avec cet enfant qu’il n’attendait plus. Et franchement ça valait le coup d’attendre car c’est un réel bonheur, une bouffée de fraîcheur et de jeunesse ; hé oui comme le chantait un autre griot, Brassens, le temps ne fait rien à l’affaire, on a bien des jeunes qui chantent des trucs pour maison de retraite (hein Gregoire ?..)


Ce disque, avec François Bréant aux manettes et des invités prestigieux comme la chanteuse Khar Mbaye Madiga, Bella Sidibé, Medoune Diallo, Souleymane Faye, Doudou Seck ou Assane Mboup (chanteur de l’orchestre Baobab) commence par le formidable Aminata Ndiaye, une chanson sur un amour difficile qu'il composa en 1963 et qu'a déjà interprété  Youssou N’dour, titre au potentiel tubesque digne de Chan Chan(Compay Segundo) ou Silencio (Ibrahim Ferrer). Et ce n’est pas par hasard que je cite les 2 papis cubains car la musique de Thiossane est imprégnée de rythmes afros/cubains, et possède la même chaleur immédiate et la même faculté de nous faire voyager, la même universalité aussi. Sax jazzy, guitare légère, rythme chaloupé, accordéon discret, accompagnent le chant du griot, patiné par les ans, qui parle dans ses chansons des traditions séculaires, de l’histoire de son pays et de son peuple, de ses ancêtres, de contes et de légendes, par exemple dans « Siket » et l’histoire de son pays et de son peuple comme dans "Lat Dior", l’histoire de ce roi de Cayor qui s’opposa aux colonisateurs  français. Thiossane y reprend également son titre "Talene Lampe Yi" déjà évoqué . "Arawane Ndiaye" est également irrésistible, complainte africaine, matinée de calypso.

Un très bel album, coloré, lumineux comme un coucher de soleil sur les dunes, et un voyage en Afrique et à Cuba pour pas cher avec pour guide un authentique conteur, que demande le peuple !? Cet album sort la semaine prochaine (le 3.10) sur le label Discograph ( discograph.com) , et Thiossane sera en tournée en France bientôt (dont le 3.11 au New Morning) ; à ne pas manquer !

9 titres 49mn





"Aminata Ndiaye" en version acoustique , sax, guitare , voix: 

4 commentaires:

  1. Bonjour C'est vraiment merveilleux

    RépondreSupprimer
  2. Rien à voir avec le calyspo. Il vaudrait mieux parler de guajira afro-cubaine.

    RépondreSupprimer
  3. “Calypso” bien sûr.

    RépondreSupprimer
  4. Oui et sinon, vous le trouvez comment ce disque? merci du passage et de la précision

    RépondreSupprimer