mercredi 10 août 2011

CORPUS "Creation A Child" (1971) - Bruno



     Dans la série des « loosers magnifiques », de ceux qui ont disparu après l'accomplissement du fameux disque à enregistrer, épuisés par des années d'efforts et de persévérance, voici du lourd avec Corpus. Du lourd non dans le sens du son mais dans celui de la qualité intrinsèque de l'œuvre. Un délice pour les esgourdes. On est immédiatement frappé par l'aisance des musiciens, au point où l'on pourrait croire au fruit d'une réunion de professionnels expérimentés, et non celui d'un obscur combo. Pourtant, une rumeur dit qu'il s'agirait d'adolescents. Dans ce cas, ils auraient été précoces (voir photos sur second clip). 

     Sorti de nulle-part, Corpus présente un disque assez personnel et original. Difficile à cerner. Un concept album avec pour sujet le court de la vie. La musique se situe aux alentours d'un Heavy-rock US relativement proche des deux premiers Blue Öyster Cult, avec une trame bluesy plus marquée, et parfois quelques réminiscences Soul, et quelques sensations de Southern-Rock.
La guitare rythmique est généralement laid-back avec un son plein genre Gibson sur Marshall, sans ou avec peu de saturation. Le chant est clair, mélange de Pop 60's et de crooner « blue-eyes-Soul ». La batterie est cultivée, c'est-à-dire qu'elle sait, au besoin, diversifier son jeu et sa frappe avec une utilisation maîtrisée des cymbales. La basse est groovy, et les soli de guitares sont étincelants et enjôleurs. Des musiciens qui se font forts d'injecter de l'émotion pure dans leur jeu.


     Cela démarre en trombe avec "Cruising" qui a un fort accent de Heavy-southern-Rock'n'Roll, avec des rasades de solo inspiré à tous les étages, ça pétarade sec. T'Dieu ! Ce Grate là, si son nom avait eu deux « T », il l'aurait bigrement bien porté. Voilà une personne qui sait faire chanter sa gratte tout en étant mordant. Bien crunchy avec une réverbe courte mais bien présente (ampli Fender ?), il fait feu de tout bois. Est-ce-que l'album continue dans la foulée sur le même rythme effréné ? Que nenni, le titre suivant, "Joy", est un Blues-Soulful mélancolique, montant progressivement en intensité, entraîné par un solo omniprésent se muant graduellement en un chorus dirty. La Lead guitare fait ici office de garnement, de trublion apportant un côté killer sur une ballade pleine de délicatesse. 

Il en est de même sur toutes les compositions du genre, bien qu'elles aient chacune leurs propres nuances et personnalité. Car ici, il n'y a aucune redondance. Ainsi dans le genre soft de l'album, il y a également la chanson éponyme, qui penche plus vers un Rock Progressif. Une longue complainte brutalement interrompue par un break franchement Heavy fait d'un riff binaire et appuyé (entre Since you been gone de Russ Ballard et I wanted everything des Ramones), d'un solo sauce Nugent, les deux portés par une basse et une batterie soudées accélérant le tempo. Retour au calme tout aussi soudainement pour les dernières mesures.
   "Not Mine", titre langoureux légèrement éthéré, plutôt Poppy.
Et on finit par une belle ballade douce-amère Blues-Jazzy de toute beauté, où l'on frôle la grâce. 

   Dans le plus enlevé et remuant, on trouve Marriage, une perle très proche du meilleur des Allman Brothers époque Dicky Betts, ça tricote sec, avec un chant et un rythme qui évoque même les Red Hot Chili Peppers (pas loin de leur hit "Aeroplane", hors refrain). Du swing jovial apportant bonne humeur et entrain.


"Just A Man", un plaisir simple de boogie-blues-rock de bon aloi. Comme une récréation. Une guitare rythmique simple et efficace dans le style de Steve Cropper, et un soliste qui s'en donne à cœur joie.
   Pur Rock'n'Roll énergique et pressé, entre Chuck Berry, Flamin' Groovies, BÖC et Coloured Balls, avec "We can make it".
"Where is She" repose sur une rythmique classique de Rock'n'Roll des 50's, pratiquement le même que celui que joue Page en intro de « Bring it on Home ».

     Une fois n'est pas coutume mais la production est bonne, avec une bonne restitution du grain et de l'écho des guitares, du timbre de la voix. En étant pointilleux, on pourrait regretter que la section rythmique basse-batterie ne soit pas davantage mise en avant, d'autant plus qu'elle assure.

   Un joyau oublié, proche du chef d'oeuvre.
Dans ses encyclopédies, Denis Protat le classe parmis ses Must.

     L'origine du patronyme vient tout simplement du lieu de résidence de la formation : soit Corpus Christi, au Texas.

Frudy Lianes : Batterie
Richard Deleon (De-De) : Guitare rythmique, chant « lead »
William Grate : Lead guitare et chœurs
James Castillo : Basse
Gilbert Pena Jr. : Paroles

1- Cruising (3:41)
2 - Joy (6:30)
3 – Marriage (3:30)
4 – Creation of a Child (6:35)
5 – Just a Man (3:12)
6 – We can Make It, Luv (2:36)
7 – Not Mine (3:27)
8 – Where is She (3:31)
9 – Mythical Dream (4:39)

Les chansons sont toutes signées par les cinq membres du groupe.






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