vendredi 22 juillet 2011

LES ARAIGNEES de Fritz Lang (1920) par Luc B.



Elodie arrive au Déblocnot'
Il ne vous aura pas échappé que c’est l’été, reconnaissable aux sacs de flotte qui nous tombent sur la tronche, et aux thermomètres calés à -5°C au nord de la Loire. Ah les vaches ! Pas moyen de mettre le nez dehors sans être trempé, pire qu'une fan de Bruel à l'époque de "si ce soir, j'ai pas envie d'rentrer tout seul, si ce soir, j'ai pas envie d'fermer ma gueule (ben si tu pouvais justement) si ce soir j'ai envie d'me casser la voix, casssez laaaa voix-aaa !" Oui, bon, Pat, c'est les burnes que tu nous a cassées avec ça, alors stop !  Tiens, ça me rappelle cette petite phrase de Coluche : "Il aurait pu pleuvoir... con comme il est !". J'adore !! Donc, après une année à bosser comme des dingues, un peu de repos ne fera pas de mal. Claude a passé l’année à la recherche de partitions oubliées de Mozart (qui lui-même parait-il a passé une longue période sa vie à chercher ses clés), Bruno est toujours à la recherche de l’accord parfait sur Gibson (pas son chien, mais sa guitare…) et Vincent est sur les genoux. Au sens propre comme au figuré, puisqu’il passe ses journées sur le sol, à marteler des capsules de bières pour les aplatir, et en faire des pin’s à l’effigie de ses groupes favoris. On lui a dit que c’était passé de mode depuis 1988, mais… Inutile de préciser que les capsules en question, c’est Philou qui les lui a fournies. Lui aussi a beaucoup œuvré en ce sens... Rockin’ se donne à fond lui aussi, pour expliquer les bases du traitement de texte à sa nouvelle secrétaire, Sonia, pourtant bardée des meilleurs diplômes en la matière. Je l'ai entendu lui dire un soir, alors que je revenais dans les locaux vérifier que les lumières étaient bien fermées : "positionnez-vous comme ça, ma petite Sonia, que je vous montre comment la souris s'enfile...". Rockin' en est à sa troisième semaine de formation, et il exerce jusque tard dans la nuit. Ce dévouement l’honore. Et cela porte ses fruits : Sonia a pigé la touche majuscule. 

Pour ma part, vous savez déjà que j’ai beaucoup travaillé à saboter le système Facebook du Déblocnot’… Une occupation qui me tenait… hacker… et qui mine de rien, a permis de mettre à jour des failles dans le plus grand système informatique du monde. Zuckerberg a eu un audit gratos… merci qui ?

Bref, pour se remettre les méninges en place, rien de tel qu’une lecture récréative. Et j’ai ce qu’il vous faut, avec ce petit bouquin signé par un grand nom : Fritz Lang. Oui oui, Lang, le cinéaste, l’auteur de DOCTEUR MABUSE, METROPOLIS, M LE MAUDIT, FURY, REGLEMENT DE COMPTE, MOONFLEET, LA FEMME AU PORTRAIT...


Fritz Lang, très dandy en 1920
Fritz Lang commence sa carrière en Allemagne comme scénariste. Deux idées à lui ont été adaptées à l’écran dès 1917, alors qu'il est encore sur le front, où il sera blessé à l'oeil (d'où le bandeau noir qu'il portera ensuite). Lang a commencé à développer une idée de roman, LES ARAIGNEES, un roman exotique, et il a l'idée d'en faire un grand film d'aventure, en plusieurs épisodes, inspiré de sérials comme FANTOMAS de Feuillade. On aimait cela à l’époque, en Allemagne, le pouvoir en place n’avait pas encore mis les artistes à sa botte, mais ça ne saurait tarder. Difficile à réaliser dans son entier, le script fut diffusé en feuilleton, et adapté au cinéma à partir de 1919. Ce n’est pas strictement une adaptation du livre, puisque les différents supports s'écrivent en parallèle, et on offre au public tantôt la version texte, ou roman-photo, ou le film. L'idée était de produire une œuvre de divertissement, à l'américaine, colossale, de signer un grand succès public et concurrencer des films comme INTOLERANCE de DW Griffith, et les productions péplums de Cécil B. de Mille.

LES ARAIGNEES n'aurait sans doute pas était réédité si un autre que Fritz Lang en était l'auteur. C'est d'ailleurs la seule raison qui me l'a fait acheter ! Ce n’est pas du Flaubert...  Mais je ne regrette pas. Nous sommes dans le pur divertissement, l'exotisme, les complots mondiaux, les rebondissements hallucinants, inhérent aux lois du feuilleton, à la manière d'un ROCAMBOLE, FANTOMAS, LES MYSTERES DE PARIS à l'échelle planétaire. Ceux qui connaissent le cinéma de Lang, période muette, comme MABUSE, ou LES ESPIONS, savent le goût prononcé de Lang pour les aventures incroyables, les masques, les doubles masques, les révélations terrifiantes. Au menu du roman : sociétés secrètes, infiltration, héros milliardaire et oisif, voyage autour du monde, poursuites incessantes utilisant tous les moyens de transport possible et inimaginable, forêts hostiles, ennemis tapis dans chaque ombre, empoisonnements à tout-va, traîtres et meurtres à gogo, passages secrets, égouts aménagés, double, triple, quadruple cloisons secrètes, Chinatown by night et fumeries d’opium ! Tous les ingrédients du feuilleton sont réunis, pour un récit d'aventures trépidant, totalement surréaliste, très drôle à lire, qui ne vous prendra sans doute qu'un week end, mais vous fera passer un bon moment. A la condition d'adhérer à ce genre de littérature fantasque, énôôôôrmissime, et sans autres prétentions que de se distraire.

Fritz Lang aimait l'aventure, il le prouvera encore avec LES CONTREBANDIERS DU MOONFLEET, merveilleux conte initiatique pleins de cimetières hantés et d'odieux trafiquants. Et à la fin de sa vie, il réalisera son double testament : LE TIGRE DU BENGALE et LE TOMBEAU HINDOU, un retour aux sources, au film d’aventure, exotique avec jungle de pacotille.

Bon sur ce...
- Chérie ?
- Oui ?
- Les valises sont prêtes ?
- Oui
- Les enfants sont dedans ?
- Oui, comme tu m'as dis, avec un petit trou pour qu'ils puissent respirer...
- Parfait ! Maillot, passeport, bouquin... Let's go !








LES ARAIGNEES (1920) aux Editions Alphées, 327 pages











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