APRES LES ESPACES POUSSIEREUX DE L'OUEST SAUVAGE... LA SAUVAGERIE DES COURS DE RECREE !
Pour mesurer le gouffre culturel entre les Etats-Unis et la France, rien de tel que d'enchaîner les séances. 24 heures après Rango ( article d'hier) place à TITEUF. Titeuf est né en 1992 sous la plume du dessinateur Zep. Immense succès de bande dessinée, de livre, de série télé, voilà le sale môme sur grand écran, toujours confronté aux doutes existentiels. Faut dire que le pauv' gamin n'est pas invité à l'anniversaire de Nadia, sa chère et tendre, et que ses parents, en froid, se séparent quelques jours pour faire le point. Tout retourné, accumulant les bêtises à l'école, le crâne d'oeuf atterri chez un psy...
Si ce film était distribué aux Etats-Unis, il serait classé X. Tous ce qui peut perturber un enfant de 9-10 ans dans la vie, se retrouve chez Titeuf, explicitement, à commencer par ce qui tourne autour du slip. Florilège des expression favorites du gamin : "pauv' slip" , "t'es ratatiné du slip" , "lâche-moi le slip"... mais aussi "espèce de momosexuel", et les spermatozoïdes étant aussi un sujet inépuisable ! C'est une des qualités de cette série, que d'aborder tous les thèmes possibles (divorce, avortement, mort, famille recomposée, avec une jolie scène sur le concept de demi-soeur, une soeur coupée en deux ?!) vu par le prisme de l'enfance, doublé d'un gros esprit potache. Les gags sont bêtes, donc rigolos, les répliques savoureuses, mais les habitués connaissent la prose de Titeuf... Pour les non initiés, rappelons juste que sa petite soeur s'appelle Zizi ! Point de leçon de morale sur l'environnement, ou les grands mères, ici, on pisse sur les fleurs pour qu'elles sentent meilleur ! A retenir de ce film, une scène pré-générique au temps de la préhistoire (le gamin se fait racketter quoi ? son slip en peau de bête !) et les habituelles batailles de crottes de nez, la copine qui montre ses nichons à la récrée contre 1 euro ("pouâ, c'est l'arnaque ton truc, t'en as même pas des nichons, t'chôô !"), roulage de pelles baveuses, méchanceté assumée envers d'autres élèves (le pauvre Vomito !) le racket à la sortie... Et un truc qu'on ne verra jamais chez Pixar : les gens qui clopent sur un quai de gare avant de monter dans le train.
Comme nous sommes dans une adaptation cinéma, il fallait mettre le paquet. Chansons de Cabrel, Goldman, Bénabar et Souchon, du rap par-ci, du enrumbi par-là (faut bien vendre le CD qui va avec) et surtout, le clou du spectacle, l'apparition de Johnny himself, qui emmène le gamin sur sa Harley, à coups de : "quand t'as le blues coco, tu n'es jamais seul, y'a la route qu'est toujours avec toi, oohh hey!!!". Par contre on m'expliquera, svp, la chanson (en anglais) de James Blunt au générique ??? Là où le bât blesse, c'est dans la mise en scène... Excusez-moi d'employer les grands mots, mais on est censé parler de cinéma, non ? Et là, c'est quasiment le degré zéro, des couleurs laides, une texture informe, du zoom optique en veux-tu en voilà, différence de texture entre les décors et les personnages, ombres directes grisâtres... Bref, on avons à faire ni plus ni moins à un épisode télé rallongé à 1h15, et ce ne sont pas les quatre malheureux effets 3D qui cacheront la misère. Par contre, louons l'effort fait sur le doublage, avec Jean Rochefort, Michael Lonsdale, Maria Pacôme, Sam Karman...
Un gouffre je vous dis ! Le soin apporté aux images est inversement proportionnel aux thèmes abordés dans le film, par rapport à un RANGO. Bon, on se marre, c'est vrai, c'est irrévérencieux, c'est direct, sans fioriture, mais y'avait moyen de faire un peu mieux, non monsieur Zep ?
Avis enfant (fille) encore retranscrit avec exactitude : Rien n'était pas bien, tout était bien, surtout quand il fait pipi sur le tapis, et quand il dit à propos de la dame qui est avec son papa [l'ex du papa, qu'il retrouve 10 ans après, ndlr], qu'elle est habillée en "peau de nichon", et quand il confond un T.Rex avec sa maîtresse. Les chansons c'était bien, surtout celle qui dit "les filles ne savent pas faire de bruit avec leurs derrières".
TITEUF
écrit et réalisé par Zep (pseudo de Philippe Chappuis, choisi en référence à Led Zep)
couleur, 3D, format 1:85, 1h15
TITEUF
écrit et réalisé par Zep (pseudo de Philippe Chappuis, choisi en référence à Led Zep)
couleur, 3D, format 1:85, 1h15
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