Après un album qui ne reprennait que ses propres standards (certes rejoués), Carlos Santana reprend maintenant ceux des autres (manque d'inspiration ?), et non des moindres, avec la recette du tandem Davis-Santana usitée depuis «Supernatural» : soit un chanteur différents à chaque chanson. On ne change pas une recette qui rapporte. Le problème c'est que reprendre uniquement des classiques de cette envergure, cela sent la recherche du gain, format jack-pot. Projet pas innovant pour un sou, puisque depuis quelques temps le marché pullule de disques de reprises. « Guitar Heaven » ne prend aucun risque en ne reprenant que du lourd. De l'archi connu, de l'incontournable. Des titres que même l'amateur peu éclairé a déjà entendu. Et cette pochette, ce titre : « Guitar Heaven : Les plus grands classiques de guitare de tous les temps ». ça sent bon la compile de supermarché, ça mon pote. Et 11 des 13 proposés sont des titres qui ont cartonnés à la radio (faut assurer le coup). Cela fait un peu Richard Clayderman interprète pour vous les plus grands succès de trucmuche. Derrière tout ça, on sent l'influence pesante du manager Clive Davis ; on peut même deviner, sans trop de risque de se tromper, ses choix et ceux de Carlos. Toutefois, le talent de Santana fait, et ce même si parfois il semble en roue libre, en pilotage automatique (sur les sélections de Davis ?), que l'album s'écoute, à des degrés divers, avec plaisir. Du moins, cela permet à Santana de renouer avec le Rock, et du costaud de surcroit.
Cela démarre très fort avec une bonne interprétation virulente du « Whole lotta Love » de Led-Zep-Dixon, avec Chris Cornell, qui, comme sur le dernier Slash, fait la différence. Un des sommets, si ce n'est le, de l'album. Le Mariachi-Rock rencontre le Heavy-Rock variante Hard-blues. Splendide !
Suivit par un titre des « Stones with Mick Taylor », « Can't you hear me knocking » ; une composition qui était déjà à l'origine sous l'influence de Santana. Avec Scott Weiland (Stone Temple Pilot, ex-Velvet Revolver). Très réussi (et au moins, là, ce n'est pas vraiment un classique des Pierres qui Roulent – mais certainement un de leurs meilleurs titres).
Un bon « Sunshine of your love » de Cream, avec Rod Thomas (déjà présent sur « Supernatural » pour « Smooth »), plus Clapton que Jack Bruce. Hélas, après ce démarrage en fanfare, qui convaincra illico les potentiels acheteurs, « While my guitar gently weeps » (de George Harrison avec les Scarabées) risque de refroidir les ardeurs. Déjà encensée par certains médias, présentée par Carlos lui-même comme son chef-d'oeuvre de l'album, 1er titre en clip-vidéo, pourvu d'une orchestration travaillée, avec le violoncelliste Yo-Yo Ma et la chanteuse India Arie (bien plus convaincante en studio que sur scène...), malgré tout cela, cette reprise ne tient toutes ses promesses. Pas mauvaise pour autant, elle ne tient néanmoins pas la comparaison avec celle de Peter Frampton, ni celle de Jake Shimabukuro, ni celle de Jeff Healey. Bien que la présence la présence de Yo-Yo Ma apporte vraiment quelque chose, le chant semble par contre être maniéré, forcé, légèrement ampoulé.
« Photograph » de Def-Leppard, avec Chris Daughtry, dans une version qui aurait été totalement scolaire, s'il n'y avait pas quelques congas, et un peu d'orgue, en sus de la présence chaleureuse de la Paul Reed Smith.
« Back in Black » d'AC/DC, proprement flingué par Nas, incapable de chanté le refrain (ce sont des choristes qui s'en chargent) ni de coller au tempo ; R'n'B-Rap avec rythmes latinos pas vraiment au fait, rythmique noyée par un débordement de distortion transistorisée sonnant presque comme un synthé (remember le Kashmir de Godzilla ?). Parfois proche d'une bouillie. Carlos sauve le titre de la déchéance totale par quelques furieux soli gavés de wah-wah agressives.
« Riders on the Storm » avec Ray Manzarek et Bennington de Linkin' Park (mais pourquoi pas Ian Astbury ?), version éthérée, agréable, toutefois sans la magie de l'original. Carlos foire une partie de son solo. Petite déception.
« Smoke on the water » de ?? (de qui déjà ? Led-Zep ? Cactus ? Mountain ? Halliday ?), avec Jacoby Shaddix (Papa Roach). Titre éculé, rabâché, au possible. Diantre, ce groupe a pourtant composé des titres biens meilleurs. Un mauvais choix. Bonne intro pourtant, où on pourrait croire que Leslie West est venu prêter main-forte, mais ça s'étouffe vite (trop écouté, trop connu). (Passe mieux à fort volume).
« Dance the night away » de Vent Haleine, avec un Pat Monahan (Train) convaincant. Sympa, agréable, s'écoute tranquillou.
« Bang a Gong » de T-Rex, version Latin-Rock, pas mal, mais hélas grévé par Gavin Rossdale (Bush, et solo) qui ne brille pas par sa présence. Enfin un « Little Wing » dans l'esprit, tout en se permettant des libertés, avec Joe Cocker (qui ne paraît pas très vivifiant). On aurait gagné à supprimer toute traces de claviers et de programmations (même si ses derniers sont à peines audibles) qui aident à construire un fond sonore qui n'apporte rien ; au contraire.
Autre temps fort : Un formidable « I ain't Supertitious » de Willie Dixon, avec Jonny Lang qui se donne à fond, dans une version qui nous ramènerait au regretté « The Hoax », et bien sûr le « Jeff Beck Group ». Avec une guitare wah-wah débridée au son énorme.
Et pour finir « Under the bridge » des Red Hot Chilli Peppers, avec... non !? Pas lui ! Incredible, but truth ! C'est bien le canadien préféré des ménagères françaises des 80's : monsieur Roch Voisine en personne ! Et qui s'en tire plutôt bien. Difficilement reconnaissable.
On remarquera que les 3/4 des titres sont issus des 60's-70's, deux des 80's (dont un de 1980), et enfin, seul le dernier appartient aux 90's. Cela signifie t'il que pour Carlos (et Clive), il est difficile de trouver des classiques Rock au-delà des 70's ? On constatera également que le son de l'omnipotente P.R.S. Signature est plus épais que précédemment, souvent enrenchi d'une wah-wah baveuse, avec le potard des graves à 3 heures, voire quatre.
Après quelques écoutes (aux 1ères, on aurait tendance à zapper sauvagement), la majorité des morceaux passent plutôt bien. Malgré des chanteurs pas toujours inspirés, (ou concernés ?), malgré quelques titres scolaires (il ne suffit pas de rajouter quelques congas et timpanis pour sonner réellement original), les 60 minutes s'écoulent, presque sans heurts, « paisiblement ». On souhaiterait un volume 2, avec des titres un peu moins connus (il y a de fortes chances que cela suive, si le succès est au rendez-vous). Surtout qu'avec ce titre, on pouvait légitimement s'attendre à plus de titre, genre double CD. Un skeud qui enchantera plus facilement les plus jeunes ; ceux, évidemment, qui ne connaissent pas les originaux.
(aurait peut-être mérité une meilleure note, mais il n'y a que des reprises)
(apparemment Carlos, ou/et Davis, ne veulent pas que l'on visionne la vidéo autrement que par leur site ; alors il faudra se contenter, dans un 1er temps, de cet extrait de concert, moins avantageux)
Santana - India - Arie - while my guitar gently weeps live
Avec ce disque, Santana vient d'écorner un peu plus son capital de sympahie.
RépondreSupprimerJe ne sais pas, l'album contient tout de même quelques très bon trucs. C'est 100 fois meilleur que "That all I am". Le jeu de Santana semble avoir pris un coup de jeune. Mais bon la sélection me paraît racoleuse.
RépondreSupprimerRacoleuse, c'est le terme.
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