Luc Baranger, est un écrivain canadien, né en France, qui a roulé sa bosse sur les 5 continents, pratiquant au passage divers métiers, de cireur de parquet à conseiller ministériel en passant par prof, roadie et tour manager (de JJ Cale notamment), loueur de bicyclettes, plongeur, sous marinier et une bonne vingtaine d'autres, la liste serait longue. Ce personnage a écrit des textes pour son pote Paul Personne et pour d’autres artistes comme Nico Wayne Toussaint, et est le traducteur en français des romans d’Anne Perry et de Christopher Moore, il a publié une douzaine de romans .
Luc Baranger (g) avec son compère John Mayall
Passionné de blues et de rock, ses romans mettent en scène des personnages semi marginaux, déglingués par la vie, traînant leur blues dans une ambiance des films noirs et de dialogues à la Audiard. Avec toujours la musique en toile de fond, ainsi son premier roman "Visas antérieurs" mettait en scène son vieux complice JJ Cale, dans "En données corrigées des variations saisonnières" défile le gratin du rock 60-80 et "Dernières nouvelles du blues " est un reccueil de nouvelles avec la musique du diable comme pivot.
( site:www.lucbaranger.com/)
Backstage met en scène Clovis et Max, personnages que l'on retrouve aussi dans "La Balade des épavistes". Clovis, est un ex journaliste vedette de la presse rock des 70 qui s'est perdu dans le sex drug & rock'n'roll, divorcé et déchu il vit dans une roulotte dans le casse auto de son pote le manouche Max, roi du carburateur et des magouilles ; à coté du démontage de caisses Clovis travaille pour la rubrique chiens écrasés d'un canard local.
Une série de dépêches annonçant la mort quasi en même temps aux 4 coins de la planète de 4 rock stars qu'il a fréquenté jadis, et de la même maladie, et il va se lancer dans l'enquête, ne croyant pas aux coïncidences ni aux rapports d'autopsie.
C'est drôle, glauque et crasseux à souhait, et fait revivre de l'intérieur l'épopée du rock avec maints clins d'oeil et références. Ainsi les 4 assassinés se nomment Don Dougherty chanteur de Sundance Purewater Survival ; Rowdy Gallaghan un guitariste irlandais, Johnnie Ray Summer, bluesman albinos texan et Elvin Bedd guitar hero et leader de Long Time Gone, son ex journal s'appelle Best of Rock et est "devenu une publication insipide pour lycéens cybernetiques" et son redac chef Phillipe "Delouvrier" déclare "tu serais surpris de voir comment mon chèque de fin de mois m'aide à supporter les boules Quies" ; toute ressemblance avec des personnes etc etc....
Notre anti héros va se lancer sur la trace des 4 rockeurs déchus et refroidis, du pays de Galles à l'Amérique profonde, croisant au passage toute une faune improbable, dans une ambiance recommandée aux amateurs de romans noirs et de rock.
TUPELO MISSISSIPPI FLASH (2004- serie noire-247 pages)
(roman dedicacé à "tous les bluesmen en général et Paul Personne en particulier " )
La première partie du livre s’attache au quotidien de 2 vrp, un en aspirateurs l’autres en machines à coudre, aussi minables que pathétiques dans la France des années 60.
Difficile de ne pas rire aux péripéties de la vie de ces vrais pieds nickelés, croqués sans concession. Aprés un héritage, un braquage et un frère qui a fait la belle vers l'Amerique avec un magot appartenant au SAC ; voila nos 2 representants de commerce partis dans le Deep South du Mississippi abandonant leurs mégères respectives et leurs progénitures sans donner de nouvelles.
C’est là que le fils de l’un d’eux, tout juste ado, s’embarque clandestinement pour les States à leur recherche, et rencontre miraculeusement un black qui le prend sous sa protection, un guitariste en train de devenir une vedette du rock'n'roll, Chuck Norman, sous les traits duquel le lecteur averti reconnaîtra facilement Chuck Berry.
Pour decrire les bouges, les bordels de Baton rouge, la ségrégation, les frasques rock'n'roll, Baranger se sent comme un catfish dans les eaux boueuses du bayou et nous embarque dans un road movie à travers la Louisiane, en VO svp, car Baranger jongle avec les mots, que ce soit en argot parisien ou en cajun (Baranger a vécu en Louisiane). Et notre jeune héros va subir un passage en accéléré vers l'âge adulte...
C’est moins l’intrique du roman qui fait son intérêt que son coté picaresque et la galerie de personnages dépeints, d’ailleurs j’ai lu une interview de Baranger où il disait ecrire de romans où l’histoire n’a que peu d'importance.
L’ecriture est, comme il se doit, Rock'n'roll, du brut de décoffrage plutôt tendance Dr Feelgood que Crosby Still & Nash…
Un bon moment que ces 2 polars auxquels je mets 4 tous les 2, avec quand même une petite préférence pour Tupelo Mississippi Flash.
pas mauvais du tout^^
RépondreSupprimerJ'avais déjà lu de bonnes critiques sur ses bouquins (ce que corrobore ton article).
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