![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgD1p2vEFqVHAxcyLmIpvKnwRztU5NyBmid6n9-TKz4ljzGn0W0HclKFMi5lX1uUMPGilMRVUQqpYuh8MLm7x6TWfVte3K1dHa2kqtPwxPfRe4dEqD8Fj-ok5Zo1rn3utgf7tvGvq_d08o/s1600/FritzLang.jpg)
Bien
entendu, la fiction s'est emparé du thème et fait recette malgré
l'interrogation qui se pose quant à l'intérêt que nous éprouvons face à des histoires
aussi macabres. Serions-nous des voyeurs qui déléguons aux cinéastes le droit
de mettre en scène le reflet de notre hyper violence inconsciente ? Allo M.
Freud… Les SS n'étaient-ils pas autre
chose que des Serial Killer sataniques munis d'une carte professionnelle ?
Il
y a des fictions qui innovent avec des scénarios diaboliques comme dans "le silence des
agneaux" de Jonathan
Demme d'après le roman de Thomas
Harris. Et puis il y a le film glauque de service qui se vendra bien, et je
pense à "Le
collectionneur", petit film oubliable tourné par Garry Fleder deux ans après Seven, avec encore Morgan Freeman dans le rôle principal.
Enfin,
on assiste à la prolifération de films plus horrifiques que policiers, gores
voire vomitifs, tournés à la hâte pour les ados en mal de sensations fortes et cherchant
tous les moyens pour "réconforter" la copine qui frissonne. Je cite
en vrac : l'incontournable "Massacre à la tronçonneuse" de Tob Hopper vaguement sauvé par
l'humour, et les imbécilités racoleuses et malsaines de la veine de "Hostel".
SEVEN est le film
qui abandonne le spectateur en plein champ (comme les protagonistes), sans
réponse sur l'éternelle question de la définition du bien et du mal absolu, en
équilibre instable sur ce fil tenu qui se nomme moral.
David Fincher, un regard sans espoir ?
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXIaRqm6K5wB3tDZQ9sNXbRHj4l3utMofeRFmtbwo6zW-XFQcpHdL7xqflElJd1u73-GUFvLOBvs-EVv_I9KsRy7mjI_PXAeLFp2nLnlCCXCdX5hxsybXYpN9oMw2m0AsQFPXps_Qy0MM/s1600/Fincher.jpg)
Dans
Fight Club,
la violence de l'individu érigée en dogme par un aventurier messianique, à la
frontière du démon incarné, conduira également une milice sous influence à renier
ses codes vertueux, à évoluer vers l'implosion des personnalités. Dans une
société consumériste et faussement démocratique, les individus vivent leur
identité déterminée par l'éducation comme des automates. Tyler Durden (Brad Pitt) est
encore un "alien" qui fait sauter les verrous des refoulements pour
dévier les conflits intérieurs vers des violences physiques pures et… désirées.
Certains ont cru voir dans Fight Club une apologie de la bestialité et le
film a déplu. Traité comme un conte morbide, Fight Club est à mon sens un
reflet effrayant des mécanismes de suggestion des masses qui conduisent à tous
les fanatismes aveugles.
7 péchés capitaux, 7 victimes, 7 jours …
Le
scénario de SEVEN est linéaire et habile. William Somerset, un inspecteur à quelques jours de la retraite va devoir
faire équipe avec un jeune chien fou, inspecteur lui aussi, David Mills. Ils doivent enquêter d'abord séparément
sur deux meurtres assez horribles. Un obèse végétant dans un infâme gourbi a
été obligé sous la menace d'une arme de s'empiffrer de spaghettis jusqu'à
l'explosion fatale. Un avocat parvenu, défenseur des pires fripouilles et plein aux as, est
mort saigné à blanc après avoir dû se découper ses poignées d'amour, lui aussi contraint
de se mutiler sous menace de mort ! Quand les deux flics découvrent les
graffitis "Gourmandise"
et "Avarice"
sur les scènes de crime, la présence en ville d'un serial killer obsédé par
l'éradication des péchés capitaux est évidente. Curieusement le monstre laisse volontiers des indices qui vont conduire nos deux hommes rapidement à la troisième victime,
"la
paresse". Ils font désormais équipe. Il semblerait même que
l'homme cherche à être démasqué. Il est identifié sous le nom de Jonathan Doe. Par provocation, Il
attire les policiers et glisse plusieurs fois entre les doigts de Somerset et
David…
Je
ne déflore pas les secrets de l'enquête. Jour après jour, les deux hommes
tentent l'impossible pour enrayer la machinerie. Les victimes se succèdent,
"La
luxure", puis "l'orgueil".
Et puis John Doe se constitue prisonnier après avoir eu "Envie"(*)
de partager un moment de vie avec Tracy,
la jeune épouse de David, et commit ainsi son propre péché. Face à l'indicible,
David ne peut que céder à la "colère" et dans un final d'Apocalypse
abattre Doe.
(*) Pour St Thomas d'Aquin, "l'envie" est un désir compulsif et incontrôlable de nuire, de jalouser, etc..
Personnages en quête
d'identité
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLcw5bgDD5TCMtQDyBqJiDZCe74Pke3CEy1AJiunEu47VXrr_d3ZU5g0XvvJtVGdoDhvsZqO1wAUjXdJLonY-TVqoM9iacfej2GH6gaZrUSg6ho00AwqVCa8-hrRhuEEjNN8tAUtffz40/s1600/MorganFreeman.jpg)
Quand
Tracy Mills (Gwyneth
Paltrow), cachant sa grossesse à David demande conseil à Somerset sur
l'opportunité d'avoir un enfant ou d'avorter, celui-ci replonge dans la
lointaine souffrance d'avoir refusé un jour de devenir père dans un monde
inhumain. Il ne sait que la troubler, l'abandonner face au choix paradoxal
entre le bonheur d'enfanter et la responsabilité d'amener un enfant à se
débattre dans un enfer urbain et décadent. Somerset devient lui-même un
moralisateur de l'obscur, opposant à égalité la destruction d'un innocent
encore invisible et insouciant, au courage de combattre, de tenter de
construire un être adulte aimant et droit.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgB0BPr62Ff9ZSVoy65vV47ldEqaR0UInYFjUKsYGHnCm2AIVE3YCMRBVI_OY-AVL_5W72bcPqEQ00QygJ9zxxgx9iIKSksmURfBxq_C5a3lHoou3RM2IzBwk-AmhCoNpxBJtfCMK1CkVg/s1600/GwinethPaltrhow.jpg)
Contrairement
à Somerset, David (Brad Pitt)
croit encore que tout est permis pour arrêter un criminel. Il essaye au mieux de
suivre la ligne droite, et de consolider un couple malmené par son métier. Un
couple qui pourrait se lézarder en même temps que l'esprit du jeune inspecteur est
gagné par la rage, car confronté à l'indicible, et que s'accumulent ses écarts
par rapport au règlement pour gagner du temps. Il va être broyé par son
enquête, obligé de l'intellectualiser en épluchant les lectures de Doe, de
l'Enfer de Dante aux gravures ténébreuses de Gustave Doré en passant par Saint Thomas d'Aquin qui a définit les 7 péchés capitaux. La ville et ses
lieux de perditions, et même le métro qui fait trembler sans fin son
appartement, se liguent pour le déséquilibrer. Et pourtant, c'est ce côté
ingérable qui lui permet de découvrir l'antre de la folie de Doe et d'y
pénétrer sans mandat. La nécessité justifie-t-elle l'entorse à la loi ? Encore
une interrogation décochée par Fincher.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDFfWOiJ03EAU6ITeAcS9tuoZorZ2p1RgfiEZdalpObTGx4xT93vhdC_9Fx7iy3zamRU9s9xznNTAXg0YvdpgjiI4wunm7z5SDGqzDy_Yj0SF6WJFuYajK9bQBQqWVZra3w2jO6nhQsFI/s1600/KevinSpacey.jpg)
Là
est la contradiction volontaire du récit et de la personnalité du tueur,
l'originalité du scénario. Tuer n'est pas un péché capital au sens strict, et
John Doe justifie ses crimes comme un début d'élimination sociale de ceux qui à
ses yeux commettent ces sept péchés, péchés qui sont les causes de la décadence
qu'il vomit ? Il a raison si on considère que succomber à l'un, ou plusieurs
des péchés dits capitaux, peut conduire au meurtre qui devient alors une simple
conséquence, un regrettable effet collatéral. Imprégné de sa théologie aberrante du
mal, Doe ne peut donc échapper à sa logique en se réservant une violation
morale parmi sept à laquelle il ne doit pas survivre.
Une caméra dans
l'obscurité
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuRrBCRuq_8GrqXYcF268b1HqnCN_zM23K2-WRmtiYvxNRLhjLeAm6E2WUmcGJZTxZhi8oCsdRGIsg690yIG7SsmbSj_xEFI_usboKVLVe2fQmvv19pXIRk4yqNj4b5wAP8LZZrYfIe-U/s1600/BradPitt.jpg)
Le
film recourt à une unité dans les lieux et les lumières. On parcourt des
intérieurs minables, rupins ou encore des bordels clandestins où la fureur de
la musique anesthésie toute pensée. Il fait toujours nuit ou presque et il
pleut en permanence, une pluie qui détrempe les corps et moisit les taudis. Un
des rares moments de sage réflexion a lieu dans une bibliothèque chichement
éclairée par des lampes de bureau d'un vert criard. Les rouges (hormis celui du
sang) et les jaunes sont quasiment absents des choix du chef opérateur Darius
Khondji.
David
Fincher décide d'échapper à ce cloaque pour la dernière partie en entraînant
Somerset, David et Doe à l'extérieur de la ville surpeuplée. Un champ pelé,
immense, sans fin et hérissé de pilonnes haute-tension pour nous rappeler que
même en fuyant, la ville n'est jamais loin. C'est en ce lieu faussement isolé,
qu'à la façon d'une tragédie antique, va se jouer pour David le dernier acte,
choisir entre la colère et la clémence, utiliser son droit légitime de punir de
mort Doe pour venger Tracy, ou sauver son âme.
Les
derniers plans débouchent-ils sur le néant ? John Doe a-t-il gagné ou perdu ?
Il est mort victime de lui-même, d'avoir commis le péché "d'envie".
Somerset se retrouve à soutenir l'épave de David, un homme encore jeune, atone
sur un siège de voiture, sur lequel il doit veiller comme sur le fils qu'il n'a
pas voulu avoir. "Prenez-bien soin de lui" répète-t-il en
boucle aux policiers. C'est peut-être cet unique lueur d'affection qui réfute
tout crédit à la quête de justice morale de John Doe. Elle n'est pas celle d'un ange
exterminateur, mais celle d'un envoyé de l'enfer. Somerset, à travers la
tragédie, va devoir assumer l'une des plus belles et difficiles des missions,
celle de la paternité même temporaire. Somerset sait qu'il ne peut pas, n'a pas
le droit de se dérober.
Vidéos
Générique et bande annonce (en VO)
Réalisation : David Fincher (1995) sur un scénario d'Andrew
Kevin Walker (127 min)
Brad Pitt (David Mills), Morgan Freeman (William Somerset),
Kevin Spacey (John Doe), Gwyneth Paltrow (Tracy Mills).
Musique : excellente B.O. alliant deux suites d'Howard Shore
(complice de toujours de David Cronenberg et auteur de la musique du Seigneur
des Anneaux) plus des standards plus ou moins nostalgiques de Bach, Marvin Gaye, Billie Holiday, Charlie Parker, Thelonious
Monk, et des morceaux plus hard de Gravity Kill, etc…
Oui, OK avec ta dernière phrase. En même temps, il n'a plus que ça à foutre...Ce qui n'enlève rien à la difficulté...
RépondreSupprimerMerci Juan.
SupprimerDans une scène "alternative" non tournée et présentée en Story Board dans les bonus, c'est Somerset qui abat Doe avec ce dialogue :
- Qu'est-ce qu tu fais ? (David)
- Je prend ma retraite..... (Somerset) et le film se termine là.
C'est moins éprouvant, mais Fincher a du penser que ce film se terminerait ainsi en style "Western" d'une manière illogique et avec un ton trop sarcastique franchement décalé.
C'est une chronique sur un film,mais ce pourrait être aussi un mémoire ou une thèse pour une école de cinéma ! Quelle présence ( prestance ?) dans le détail. Des scènes au personnages en passant par l'éclairage ! Je crois que le journal "Première" n'aurait pas fait mieux.
RépondreSupprimerUn vieux policier presque en retraite et un jeune flic chien fou ,ça me rappel un peut "L'arme fatal",mais la s'arrête la ressemblance! Dans certaine scène ,l'accessoiriste a du dévaliser un stock de boite de spaghetti de chez E.D ou LIDL; Comme pour la paresse un magasin de Norauto a du être vidé de son rayon de sapin odorant !!
Mais "Seven" est un film qui a marqué les esprits par son coté glauque et un peut morbide comme le "silence des agneaux" !
Et tous ceci donne une envie de le revoir !
Tu as enfreint une règle essentielle...
RépondreSupprimer"On ne doit pas parler du Fight Club"...
Aïe, aïe, aïe...