« Cat foot iron claw, Neuro surgeon scream for more, At paranoïa poison door, Twenty first century schizoid man »
Mais avant la saison des pluies vient celle des rayons de soleil, nulle force ne doit mourir avant sa grande épiphanie. Se révéler à soi-même et au monde, voilà le devoir sacré de tout ce qui vit et de chaque chose créée. Et pour se révéler il faut avancer inlassablement, parcourir les routes dans l’espoir de trouver la sienne. Progressivement, les couleurs changent, les mélodies aussi, vous franchissez une étape tel l’homme achevant une de ses décennies. Le paysage s’est transformé, il devint presque banal, mais d’une banalité pleine de grâce. L’herbe verte donna ainsi une certaine gaieté à un décor brumeux. De grands cerfs marchaient nonchalamment dans ces plaines verdoyantes.
Car la nature n’est pas la seule qui ait horreur du vide, même si les progressions harmoniques de « Close to the edge » compensent quelque peu la stérilité d’un décor morne. « L’amour est comme le brouillard du matin » disait Bukowsky, vous incitant ainsi à vous déduire qu’il s’évaporait de manière aussi soudaine et incompréhensible qu’il était apparu. Alors que la grisaille venait de vous mener à cette sombre réflexion, elle disparut rapidement pour laisser place à un ciel azuré. Votre chute se termina dans une eau douce, immersion de quelques secondes noyant vos ténèbres dans le son du silence. L’instinct de survie se montrant souvent plus fort que les élans morbides, les nécessités vitales obligèrent votre corps à s’extraire de ce silence asphyxiant.
« Walking accross the sitting room, I turn the television off, As the sound of motocar fade in the night time, I swear I saw your face change, it didn’t seem quite right, And its’ hello babe, with your guardian eyes so blue, Hey my baby , don’t you know your love is true »
Mais, alors que vous auriez voulu que cette volupté sonore ne s’arrête jamais, un froid aussi soudain que vif fit fuir aussi bien les fiers cavaliers, qu’une chanteuse au visage animalier semblant s’évaporer dans le bleu de l’horizon. Vous nagez alors vers les côtes, pour découvrir que des buildings trônent sur ces terres que vous pensiez inhabitées. Pour donner un fond sonore à la froideur du climat et à la laideur bétonnée de ces bâtiments, une glaciale mélodie synthétique prit la place de votre chère chaleur orchestrale.
« And it was morning, And i found myself mourning, For a childhood that I thought had disapear »
Puis les formes se mirent à se brouiller, les immeubles gondolaient avec la lascivité hypnotique de danseuses du ventre indiennes. Vous étiez en train de vous réveiller d’un rêve que vous n’auriez jamais voulu quitter. Vous relevant au milieu de cette chambre que vous n’étiez plus sûr de connaître, vous remarquez alors une porte arborant fièrement un soleil d’un marron sombre en guise de blason. N’en étant plus à une hallucination près, vous saisissez la poignée pour découvrir ce qu’il se cache derrière cet emblème.
Car le rock progressif, dont vous visitiez les paysages musicaux et artistiques, est depuis toujours une île merveilleuse menacée par les assauts du nihilisme. Änglagård fut le nom du progrès dans la tradition, le cri de guerre de musiciens armés de la lutherie et de l’inventivité insatiable de leurs aînés.
Aussi belle soit elle, cette mélodie baroque et champêtre eut dès le début la nostalgie des chants de deuil. Comme sorti du bois où il fut immergé, le triste soleil que vous vites sur la porte de ce monde imposa son visage torturé sur tous les trônes de cet Eden boisé. Cet emblème dégagea une chaleur de plus en plus forte, qui finit par mettre le feu à ces gigantesques piliers de l’architecture terrestre. Toujours aussi chaude, la musique que vous entendez a désormais la noirceur d’un requiem électrique, comme si quelqu’un voulait vous prévenir que ce rêve touchait à sa fin.
Fuyant la fumée suffocante s’échappant des arbres calcinés, vous apercevez un feu de camp au milieu d’une espèce de jardin à l’herbe asséchée par le soleil. Pensant trouver là un guide, vous découvrez qu’un masque au visage endeuillé que les flammes dévorent progressivement. Comme annonciatrice des rêves à venir , la fumée de ce drôle de sacrifice vous monte à la tête pour vous annoncer les rêves à venir. Défilent ainsi devant vous les images évoquant les grands albums du renouveau progressif, la cabine téléphonique de « The sky move sideway » de Porcupine Tree, la galaxie de « Stardust we are… » de The Flower Kings.
Ce renouveau ne fut invoqué que par une grandiose formule hors des âges : Änglagård.







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