lundi 28 juillet 2025

R.I.P. – Le maestro Roger NORRINGTON nous a quittés à 91 ans – Hommage par Claude Toon


- Il y a beaucoup de décès cette année Claude dans monde classique : Alfred Brendel le pianiste, John Nelson le maestro, d'autres moins connus…

- Oui, heureusement des artistes aux grands âges, John Norrington était de la génération de Nikolaus Harnoncourt et comme lui avait révolutionné l'interprétation de la musique baroque, classique et romantique par à un retour à des effectifs réduits d'instruments d'époque…

- Tu avais consacré une chronique commentant la deuxième symphonie de Beethoven sous sa direction…

- Exact, voici quelques repères sur l'homme et surtout de nombreux bijoux musicaux extraits de son immense discographie.


Roger Norrington en 1968
 

Nikolaus Harnoncourt (Clic) avait vu le jour en 1929 à Berlin. Je lui avais rendu hommage lors de sa disparition en 2016. Son alter ego anglais Roger Norrington naît en 1934 à Oxford. En Angleterre, aimer la musique est une affaire sérieuse. Il étudie au Royal College of Music situé dans le quartier de Kensington (Londres). Son professeur de direction ne sera rien d'autre que Sir Adrian Boult (1889-1983), l'un des chefs les plus renommés de la perfide Albion, abordant tous les genres de musiques et défendant bec et ongles la musique de son pays. Ce maître avait une grande affinité avec le disque, il y a trois chroniques concernant ses enregistrements. Il transmettra cette passion à son élève

Parallèlement à cette formation de maestro solide, Roger Norrington apprend le violon. Mais c'est comme Ténor qu'il débutera sa carrière. Comme son confrère germanique et quelques années plus tard, son benjamin d'une dizaine d'années british, John Eliot-Gardiner, il s'intéresse au retour de l'usage des instruments des époques passées (flûtes en bois, cors sans pistons, cordes avec boyaux), initiative destinée à redonner au répertoire classique symphonique, les couleurs acidulées et légères historiques et surtout, en réduisant les effectifs orchestraux hérités du romantismes, obtenant ainsi une belle fluidité et transparence dans le flot musical…

Roger Norrington interprétera toute sa vie, soit avec les grands orchestres planétaires modernes, soit avec des ensembles créés dans le style ancien. En 1978, il fonde l'ensemble London Classical Players qu'il dirige jusqu'en 1997. Ses captations avec cet orchestre sont innombrables. Nous allons écouter divers bijoux de la discographie. En 1997, il est nommé à la direction de la Camerata Academica de Salzbourg qu'il fait évoluer vers le jeu "à l'ancienne "et dirige jusqu'en 2007. Il conduit régulièrement l'Orchestre du Siècle des Lumières.

De 2011 à 2016, il est chef principal de l’Orchestre de chambre de Zurich, et, à partir de 2012, accepte à 78 ans d'assumer le poste de premier chef invité de l'Orchestre de chambre de Paris (source Wikipédia) et pour tenter d'être exhaustif, il a la responsabilité entre 1998 et 2011 de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart (SWR).

 

En 1990, un cancer cérébral lui est diagnostiqué. Il subit deux lourdes interventions et les médecins ne lui cachent pas que son espérance de survie est très limitée. "Ils me donnaient un an, un an et demi". Sa vision devenue déficiente, il doit apprendre les partitions par cœur… À ces médecins pessimistes (surement très compétents), le destin donnera tort ; Roger Norrington survivra 35 ans avec une existence créative pour le moins active. Un miracle ?


Roger Norrington cherchera à révolutionner l'esprit des interprétations des grandes œuvres des époques classiques et romantiques : moins nécessairement les modernes bien entendu. Interprète novateur de Beethoven ou de Berlioz, il disait : "Nous voulions montrer que Berlioz et Tchaïkovski ne sont ni épais, ni dégoulinants, ni tapageurs, mais romantiques. C'est-à-dire sincères et enflammés". Ses deux intégrales des symphonies de Beethoven, l'une "d'époque" avec le London Classical Players l'autre avec l'orchestre de la SWR jouant sur instruments modernes procèdent de la même approche ciselée et ardente. Une vidéo filmée en live l'avant-dernière année de sa carrière, en 2020, montre parfaitement l'application de ces options. Nous sommes dans la salle du Glasgow Royal Concert Hall, la disposition du Royal Scottish National Orchestra, bel orchestre écossais, voit un groupe modeste des cordes entouré par un demi-cercle des bois, cuivres à pistons, contrebasse et la paire de timbales. L'ensemble sonne aéré, chaque bois n'a pas son rôle étouffé par la masse des cordes comme on l'entendait à Berlin à l'époque Karajan. Toute comparaison serait stupide : d'un coté un jeu concertant et fougueux, de l'autre un romantisme imposant … Deux visions exemplaires, et il y en a beaucoup d'autres dans ce répertoire.

Roger Norrington aimait les tempi vifs animant ses exécutions (exemple la 87ème de Haydn) et recourait le moins possible au legato et rubato sirupeux…

 

Assez parlé. Voici un programme reflétant au mieux l'art de Norrington. Un lien permet de consulter les œuvres dont la plupart ont été commentées dans le blog. Les chefs retenus pour ces chroniques sont mentionnés.


   Haydn : Symphonie parisienne N°87 (ClicAntal Dorati)

   Ouvertures romantiques :

o   Weber : Oberon

o   Mendelssohn : The Hebrides, Op. 26 (Grotte de Fingal) (Clic Claudio Abbado)

o   Berlioz : Les Francs-Juges, Op. 3

o   Schumann : Genoveva, Op. 81 (ClicLeonard Bernstein)

o   Schubert : Rosamunde, Op. 26, D. 797:

o   Wagner : Le vaisseau fantôme (ClicOtto Klemperer)

   Schumann : Symphonie N° 3 "Rhénane" et N° 4 (Clic & Clic – par Wolfgang Sawallisch (3) et George Szell (4).

   Concert de Glasgow de 2020 : Prélude à l'après-midi d'un Faune de Debussy (Clic - Mravinky vs Bernstein) et Symphonie N°3 "héroïque" de Beethoven. (ClicGustavo Dudamel)


Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée.

Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…


INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool. 






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