- Il y a beaucoup de décès cette année Claude dans monde classique :
Alfred Brendel le pianiste, John Nelson le maestro, d'autres moins
connus…
- Oui, heureusement des artistes aux grands âges, John Norrington était
de la génération de Nikolaus Harnoncourt et comme lui avait révolutionné
l'interprétation de la musique baroque, classique et romantique par à un
retour à des effectifs réduits d'instruments d'époque…
- Tu avais consacré une chronique commentant la deuxième symphonie de Beethoven sous sa direction…
- Exact, voici quelques repères sur l'homme et surtout de nombreux bijoux musicaux extraits de son immense discographie.
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Roger Norrington en 1968 |
Nikolaus Harnoncourt
(Clic)
avait vu le jour en 1929 à Berlin. Je lui avais rendu hommage lors de
sa disparition en 2016. Son alter ego anglais Roger Norrington naît en 1934 à Oxford. En Angleterre, aimer la musique est une
affaire sérieuse. Il étudie au Royal College of Music situé dans le
quartier de Kensington (Londres). Son professeur de direction ne sera rien
d'autre que
Sir Adrian Boult
(1889-1983), l'un des chefs les plus renommés de la perfide Albion,
abordant tous les genres de musiques et défendant bec et ongles la musique
de son pays. Ce maître avait une grande affinité avec le disque, il y a
trois chroniques concernant ses enregistrements. Il transmettra cette
passion à son élève
Parallèlement à cette formation de maestro solide,
Roger Norrington
apprend le violon. Mais c'est comme Ténor qu'il débutera sa carrière. Comme
son confrère germanique et quelques années plus tard, son benjamin d'une
dizaine d'années british,
John Eliot-Gardiner, il s'intéresse au retour de l'usage des instruments des époques passées
(flûtes en bois, cors sans pistons, cordes avec boyaux), initiative destinée
à redonner au répertoire classique symphonique, les couleurs acidulées et
légères historiques et surtout, en réduisant les effectifs orchestraux
hérités du romantismes, obtenant ainsi une belle fluidité et transparence
dans le flot musical…
Roger Norrington
interprétera toute sa vie, soit avec les grands orchestres planétaires
modernes, soit avec des ensembles créés dans le style ancien. En
1978, il fonde l'ensemble
London Classical Players
qu'il dirige jusqu'en 1997. Ses captations avec cet orchestre sont
innombrables. Nous allons écouter divers bijoux de la discographie. En
1997, il est nommé à la direction de la
Camerata Academica de Salzbourg
qu'il fait évoluer vers le jeu "à l'ancienne "et dirige jusqu'en
2007. Il conduit régulièrement l'Orchestre du Siècle des Lumières.
De 2011 à 2016, il est chef principal de l’Orchestre de chambre de Zurich, et, à partir de 2012, accepte à 78 ans d'assumer le poste de
premier chef invité de l'Orchestre de chambre de Paris
(source Wikipédia) et pour tenter d'être exhaustif, il a la responsabilité
entre 1998 et 2011 de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart (SWR).
En 1990, un cancer cérébral lui est diagnostiqué. Il subit deux lourdes interventions et les médecins ne lui cachent pas que son espérance de survie est très limitée. "Ils me donnaient un an, un an et demi". Sa vision devenue déficiente, il doit apprendre les partitions par cœur… À ces médecins pessimistes (surement très compétents), le destin donnera tort ; Roger Norrington survivra 35 ans avec une existence créative pour le moins active. Un miracle ?
Roger Norrington
cherchera à révolutionner l'esprit des interprétations des grandes œuvres
des époques classiques et romantiques : moins nécessairement les modernes
bien entendu. Interprète novateur de
Beethoven
ou de
Berlioz, il disait : "Nous voulions montrer que Berlioz et Tchaïkovski ne sont ni épais, ni
dégoulinants, ni tapageurs, mais romantiques. C'est-à-dire sincères et
enflammés". Ses deux intégrales des symphonies de
Beethoven, l'une "d'époque" avec le
London Classical Players
l'autre avec l'orchestre de la
SWR
jouant sur instruments modernes procèdent de la même approche ciselée et
ardente. Une vidéo filmée en live l'avant-dernière année de sa carrière, en
2020, montre parfaitement l'application de ces options. Nous sommes
dans la salle du Glasgow Royal Concert Hall, la disposition du
Royal Scottish National Orchestra, bel orchestre écossais, voit un groupe modeste des cordes entouré par un
demi-cercle des bois, cuivres à pistons, contrebasse et la paire de
timbales. L'ensemble sonne aéré, chaque bois n'a pas son rôle étouffé par la
masse des cordes comme on l'entendait à
Berlin
à l'époque
Karajan. Toute comparaison serait stupide : d'un coté un jeu concertant et
fougueux, de l'autre un romantisme imposant … Deux visions exemplaires, et
il y en a beaucoup d'autres dans ce répertoire.
Roger Norrington
aimait les tempi vifs animant ses exécutions (exemple la
87ème
de
Haydn) et recourait le moins possible au legato et rubato sirupeux…
Assez parlé. Voici un programme reflétant au mieux l'art de Norrington. Un lien permet de consulter les œuvres dont la plupart ont été commentées dans le blog. Les chefs retenus pour ces chroniques sont mentionnés.
✔ Haydn
:
Symphonie parisienne N°87
(Clic
–Antal Dorati)
✔ Ouvertures romantiques :
o Weber
: Oberon
o Mendelssohn
: The Hebrides, Op. 26 (Grotte de Fingal) (Clic
–
Claudio Abbado)
o Berlioz
: Les Francs-Juges, Op. 3
o Schumann
: Genoveva, Op. 81 (Clic
–
Leonard Bernstein)
o Schubert
: Rosamunde, Op. 26, D. 797:
o Wagner
: Le vaisseau fantôme (Clic
–
Otto Klemperer)
✔ Schumann
: Symphonie
N° 3 "Rhénane" et
N° 4
(Clic
&
Clic
– par
Wolfgang Sawallisch (3) et
George Szell
(4).
✔ Concert de Glasgow de 2020 :
Prélude à l'après-midi d'un Faune
de
Debussy
(Clic
-
Mravinky
vs
Bernstein) et
Symphonie N°3 "héroïque"
de
Beethoven. (Clic
–
Gustavo Dudamel)
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée. Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…
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INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool. |
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