lundi 25 février 2019

REQUIEM CONGO de Jean-Christophe Grangé (2016) par Luc B.

Toute première fois, tou-toute première fois… Rassurez-vous Sonia, que je vois déjà rougir en minaudant, je ne vais pas vous parler de l’exceptionnelle précocité de ma vie sexuelle, mais de mon premier Jean-Christophe Grangé. (déception dans l’assemblée… pour la rubrique cul, on verra quand on sera vraiment en manque de lecteurs).
Jean-Christophe Grangé, journaliste pour le National Géographic entre autre, globe-trotter, scénariste et romancier à succès, auteur des RIVIÈRES POURPRES (1998) ou du CONCILE DE PIERRE (2000) adaptés au cinoche. La bonne moitié de sa production littéraire a été portée à l’écran, grand ou petit, et il est traduit dans le monde entier. Du lourd. Comme ce pavé de 860 pages, CONGO REQUIEM, qui fait suite à LANTANO. Moi, j’savais pas que c’était une suite. Je m’en suis douté quand j’ai compris que j’y comprenais que dalle !
Un peu dubitatif au départ, méfiant, je me lance dans cette lecture que l’on m’a chaudement recommandée. Et première surprise : le mec écrit bien ! Il y a même un p’tit second degré, un humour, une sorte de recul, genre, on ne se prend pas trop au sérieux, pas comme son collègue Thilliez. L’histoire ? Ouh la ! Question suivante… Y’a deux ou trois bouquins en un dans ce roman, comme il y avait deux ou trois chansons dans un titre gigogne des Beatles, mais eux ça durait 3’30.
Dans la famille Morvan je demande le père : Grégoire, flic et barbouze. Le fils Erwan : flic aussi, Gaëlle la fille, gironde et apprentie comédienne, et un peu pute pour arrondir les fins de mois, et le fils numéro 2, Loïc, qui tente de décrocher de la coke, divorcé d’une belle et riche italienne. Quand l’histoire commence, Grégoire est au Congo, il supervise une exploitation minière. Partie la plus intéressante de l’intrigue, la jungle, la chaleur, la flotte, la boue et les moustiques, le trafic d’armes, corruption à tous les étages entre entrepreneurs, concessionnaires, ONG et régime en place, les milices civiles ou paramilitaires qui font la loi à chaque carrefour, pire que des gilets jaunes.
les œuvres de l'Homme-clou...
Déboule au Congo le fiston Erwan, qui enquête sur des meurtres perpétrés il y a 40 ans. Son père avait trouvé le coupable, à l'époque, mais il semble qu’une des victimes ait été tuée par un autre que l’Homme-clou, comme on surnommait ce serial killer, pour sa propension à faire de ses victimes des totems (voir photo, pour vous faire une idée). Et le papa n’aime pas du tout que son rejeton s’approche trop près de la vérité…

En parallèle, Loïc mène une enquête à Florence, en Italie, sur la mort de son ex-beau père, qui trempait visiblement dans de sales affaires. Grangé nous en tartine 200 pages qui ne mènent à rien, mais vraiment à rien (la scène du viol est juste totalement gratuite). Gaëlle suspecte fortement son psy de déviance (pléonasme) elle a été aussi victime d'un Homme-clou, mais pas le même, un copieur et adepte de l’original, qui a sévi à Paris. Vous suivez toujours ?
Toute l’histoire avec le psy n’est pas mal, c’est mystérieux, intriguant, et ouvrira sur des perspectives particulièrement capilo-tractées (tirée par les cheveux) à un degré qui frise le grand art. Une enquête dans l’enquête, pense-t-on, mais qui évidemment sera reliée aux autres éléments de l’intrigue.
Bon, y se passe plein de trucs en Afrique, ça flingue à tout va, scènes de guerre et de désolation, je ne vais pas vous raconter, mais bref, Erwan finit par rentrer en France poursuivre ses investigations. C’est quasiment un second roman qui commence. La partie africaine est passée par perte et profit, c’est très dommage, c’est là où l’écriture faisait mouche. Ce qui arrive ensuite donne dans le tout-venant, joliment troussé parfois, mais vu et revu, le flic tête brûlée qui carbure 36 heures sur 24, pionce un quart d’heure par semaine, capable de sonner chez un préfet à 2 heures du mat’ pour le menacer de lui couper les couilles…

Commence à poindre un nouveau thème, collusion entre représentants de l’Etat et clinique privée, expérimentations psycho-scientifiques louches, on se pince pour y croire, mais pourquoi pas. Et bien sûr, Grangé va retomber sur ses pattes, non sans avoir sacrifié pas mal de personnages. A ce niveau de l’histoire, on est dans la pure enquête policière, Erwan cherche et le coupable de meurtres et la vérité sur sa propre histoire, donc celle de son père, indices après indices, témoignages après témoignages.  

C’est quand même longuet… Je reconnais à Jean-Christophe Grangé un certain sens de la narration, de la description, mais nettement moins du dialogue, sortis d’une mauvaise série B, où d’un épisode de Julie Lescaut. Problème : les personnages sont peints à la truelle. Y’a de bons moments, surtout au début, gâchée parfois par des séquences improbables. Comme la Gaëlle en vengeur masqué qui trucide un dictateur africain dans un palace de Genève, et j'vous dis pas comment. Si j'vous dis : son arme secrète, une lame de rasoir planquée dans le vagin ! Faut pas pousser mémère dans les orties. Ou Loïc l’ex junkie reconverti, hop là, en champion de tir. Hum... L’avalanche de rebondissements peut provoquer l’indigestion. Un gros gâteau à couches bariolées avec supplément crème au beurre, 100% de matière grasse. Mais pas que, aussi des litres de sang, intestins en charpie, têtes qui volent, émasculations et autres fluides corporels déversés au litre. On goute, c’est pas mauvais, on finit sa part poliment, mais pas sûr qu’on se resserve.  



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