mardi 31 mars 2020

L’APOCALYPSE EST POUR AUJOURD’HUI par Pat Slade



Il fût un temps où sortir se promener était la normalité, mais ça c’étais avant… !.


IL Y A LONGTEMPS DÉJÀ !




31 mars 2022, sept cent trentième jours de quarantaine, mon petit jardin ressemble à la forêt vierge et des singes ont élu domicile en haut du baobab qui a poussé là sans que je ne sache comment il a pu arriver devant ma fenêtre. Les quelques personnes qui passent devant chez moi me regardent d’une façon bizarre derrière leurs masques de protection de couleur improbable et qui avaient du être blancs à une époque. Je viens de finir le dernier rouleau de papier toilette des huit cent cinquante que j'avais achetés, j'en suis réduit à me servir des couvertures de mes livres, c'est douloureux, mais il faut faire avec. Il y a déjà huit mois que le courant a été coupé, si je peux encore me servir de mon ordinateur, c’est grâce au groupe électrogène que j’ai bricolé avec la batterie de ma voiture et que j’ai branché sur le vélo d’appartement ;  avec ma fille nous nous relayons chaque jour pour pédaler. Le plus dur n’est pas le manque de nouvelles du monde extérieur, BFM diffuse en boucle les anciens journaux télévisés, aujourd’hui, je viens d’apprendre que Valery Giscard d’Estaing vient d’être élu.


Thomas Edison
Le plus dur reste surement le manque de musique, mais je remercie Monsieur Thomas Edison qui en 1877 va inventer le phonographe. Le mien trône fièrement sur mon bar en bois importé du Mexique décoré de cartons de bière du monde entier (Oui je sais il n’y a aucun rapport entre les deux, mais ça fait chic !). Après l’avoir dépoussiéré, fait briller le cuivre du pavillon et remettre une aiguille au bout du micro, je me mets en quête de la recherche des fragiles disques 78 tours en cire. Je retrouve  deux valisettes très lourdes et recouvertes de poussière. Cet héritage que je tiens de mes grands-parents me rappelle une époque où je les écoutais sur un autre  phonographe, un modèle 102 de 1940. Le premier disque qui me tombe entre les mains est «La Chanson Des Maréchaux» Chanté par Armand Mestral, Yves Montant et Clément Duhour, un joli titre que l’on pouvait entendre dans le film «Napoléon» de Sacha Guitry. Je passe sur tous les disques d’Emile Vacher, d’Emile Prud’homme et autre Verchuren (Mon grand père jouait de l’accordéon et faisait partie d’un groupe de bal musette) pour chercher des pièces plus rares. Et coincé entre un Tino Rossi «Tango de Marilou» et un Rina Ketty «Sombrero et Mantilles» je tombe sur un Fréhel «Tel Qu’Il Est», après écoute, pour un disque de 84 ans il craque un peu mais il est encore très écoutable. Quelques disques Classiques avec une version de «L’Apprentis Sorcier» de Paul Dukas avec l’orchestre du conservatoire de Paris sous la direction de Philippe Gaubert et aussi «Invitation à la valse» de Carl Maria Von Weber avec le grand orchestre symphonique sous la direction de Gustave Cloëz.

Modèle 102 de 1940
Les quelques voisins encore vivants viennent de sonner à ma porte pour me demander de baisser le volume sonore, mais sur un phono la chose n’est pas facile, la seule solution, mettre des chiffons dans le pavillon pour étouffer un peu le son. Certain étaient même étonnés d’entendre de la musique s’échapper de mon appartement. 

Je continue mon petit inventaire d’une autre époque et je trouve un Dalida et son «Bambino», un Yves Montand «Les Routiers», Edith Piaf «La Goualante Du Pauvre Jean». Vu la quantité impressionnante de galettes en cire que j’ai, je continuerai l’écoute jusqu'à ce que le confinement et la quarantaine se terminent. Nos anciens avait le bonheur d’avoir un matériel qui ne marchait qu’à l’huile de coude et ne consommait, hormis la notre, aucune énergie, en plus il est très drôle de courir vers le phono pour remonter la manivelle quand le disque commence à ralentir et que l’artiste commence à avoir une voix grave et fatiguée. Mais le rock n’existe pas en 78 tours, il y en a peut-être mais pour en trouver dans l’état des choses, il  faudra m'armer de patience.






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