Crénom ! Elle a eu cinquante ans cette année. Un demi-siècle ! On n'a pas vu le temps passer. Et elle n'a pas pris une ride. Ou si peu... peut-être de fines pattes d'oie aux commissures des yeux Voire quelques rares cheveux blancs. Ce qui ne fait finalement qu'accentuer son charme. Pas nécessairement la plus éblouissante de la famille, mais le partage, la sélection est ardue. Notamment avec sa cadette moins médiatisée de 1978. Certainement moins séduisante que celle de 77 qui, elle, n'est pas loin de réunir le meilleur de toutes. L'aînée aussi dégage un certain pouvoir de séduction. Luc, c'est bien connu, n'a d'yeux que pour elle. Même s'il s'en défend.
Cette année donc, on célèbre comme il se doit le cinquantième anniversaire de "Fool For The City", la cinquième galette de Foghat - sortie en 1975. Un must-have, un classique du heavy-boogie-rock chaud comme la braise.
Si, étonnamment, le quartet n'a pas vraiment rencontré un succès à la hauteur de son talent en Europe, ni même à la maison en Europe, aux Etats-Unis, il faisait déjà partie des incontournables de la scène nationale. Suffisamment pour remplir des stades. La faute revenant aussi au groupe, qui s'est rapidement concentré sur la scène américaine, au détriment de l'Europe. À tel point que nombreux sont ceux qui ont cru, et croient encore, qu'il s'agit d'une formation américaine. D'autant que les musiciens, l'un après l'autre, s'installent carrément aux USA. Dave Peverett, bien qu'étant l'un des premiers, sinon le premier, à s'y installer, arrête les tournées et quitte le groupe en 1984 pour retourner en Angleterre. Le mal du pays ? Plus tard, au fil des départs et des décès, ce seront d'autres musiciens qui prendront les places vacantes.
Il est vrai aussi, que dès le premier album éponyme, sorti en 1972, parmi les formations vouées au Blues et au boogie, Foghat est certainement le groupe anglais à sonner le plus franchement américain. Même si ce premier essai a été enregistré au fameux studio Gallois Rockfield et produit par Dave Edmunds - ce sera le seul album enregistré au Royaume-Uni.
Cette cinquième œuvre, "Fool For the City", reste l'une des meilleures ventes du groupe. La seconde, après le fabuleux et inégalé "Foghat Live" de 1977 (qui lui, est classé double-platine rien qu'aux USA). L'album a été poussé par deux formidables singles (45 tours). Par celui de la chanson éponyme, "Fool of the City", pleine d'entrain, embrassant goulûment la vie, cavalant tranquillement sur un rythme de croisière - en quatrième sur un V8 en ligne -, à peine perturbée par deux ponts funky "Je respire tout l'air pur, assis au soleil. quand je reçois mon billet de train et me lève et cours. Je suis prêt pour la ville, pollution de l'air me voilà ! Parce que je suis un imbécile pour la ville"
Et surtout par le premier, "Slow Ride", qui doit être la chanson de Foghat la plus connue. Connue même par certains qui n'ont jamais entendu nulle part le nom de Foghat, car elle fait quelques apparitions dans des films ainsi que dans des jeux vidéos (Road Kill, Grand Thef Auto - San Andreas, Far Cry 5, et pas moins de trois simulateurs de guitares). "Slow Ride", un big-slow-heavy-blues expansif, funkysé par une basse qui ne tient pas en place, qui finit par prendre de la vitesse, jusqu'au dérapage incontrôlé, au défoulement. Comme si les gars étaient au volant d'une Mustang Shelby comme si, n'en pouvant plus de suivre les limitations de vitesse, de "can't drive 55", rétrogradent, mettent les gaz, et partent à donf. Jusqu'au crash final. La création de ce morceau phare serait le fruit de diverses jams sessions que le producteur Nick Jameson a pris soin d'enregistrer, afin qu'une pépite ou deux impromptues ne soient pas perdues, oubliées. En faisant écouter la cassette de son patchwork-musical, le groupe et lui-même (bassiste par intérim depuis le départ de Tony Stevens) ont fait bloc pour concevoir un truc qui tienne la route. Là-dessus, Peverett a rajouté des paroles plus ou moins improvisées. Evidemment, il ne s'agit pas d'une ode à la conduite pépère, mais bien d'un ébat à caractère charnel sur le vif.
Deux pièces majeures du groupe, qui resteront chevillées au répertoire scénique, même lors des différents ersatz. Des formations de l'après Price et Peverett. Cependant, l'album ne se limite pas à ces deux dernières. Il y a cinq autres cartouches qui ne sont pas là pour faire du remplissage. À commencer par la reprise des Rightehous Brothers de "My Babe", qui, entre les mains pleines de cambouis de Foghat, devient un pur boogie, rivalisant avec le meilleur de Status Quo. Autre reprise, le "Terraplane Blues" de Robert Johnson, ici forcément copieusement électrifié, mais aussi alourdi, creusant le sol comme un caterpillar en rut. Toutefois allégé par la slide aérienne de Price qui offre à l'engin des ailes... de bombardier.
Plus enjoué, "Save Your Loving (For Me)" aurait plus être plus anecdotique avec d'autres musicos, mais là, il y a la basse sautillante et funky de Jameson (gros, très gros travail sur cet album), la pulsation de Roger Earl, les guitares et bien sûr la voix puissante de Peverett, qui font la différence.
Agrémenté d'un piano honky-tonk, "Drive Me Home" s'offre au rock'n'roll fiévreux - genre Rolling Stones après une immersion dans le rock de Detroit - et à la débauche. En dehors de ses histoires éculées flattant la masculinité et bavant sur les bagnoles, Peverett aime aussi le second degré, ne reculant ni devant la parodie, ni devant la caricature. "Drive Me Home" en est un bon exemple, avec son histoire de soiffard qui, dans un moment de lucidité, se rend compte qu'il n'est qu'un sale égoïste et un saligaud au "cœur de pierre", décide de rentrer au bercail rejoindre sa douce. Malheureusement, il se fait raccompagner par une donzelle plus imbibée que lui, et tous deux finissent dans un arbre. (avec bruitage de moteur emballé et de sortie de route à l'avenant)
Avec son goût sucré et son soleil californien, "Take It or Leave It" fait office d'intrus. Et même si la troupe s'en sort très bien, au point de pouvoir prendre ce chemin menant au soft-rock - ce qui aurait probablement ravi les radios, et la maison de disques -, on préfère largement Foghat dans le giron du Blues tellurique et du Boogie incendiaire.
Side one
- "Fool for the City" (Dave Peverett) – 4:33
- "My Babe" (B. Hatfield, B. Medley) – 4:35
- "Slow Ride" (D. Peverett) – 8:14
Side two
- "Terraplane Blues" (Robert Johnson) – 5:44
- "Save Your Loving (For Me)" (Peverett, Rod Price) – 3:31
- "Drive Me Home" (D. Peverett) – 3:54
- "Take It or Leave It" (D. Peverett, Nick Jameson) – 4:49
Mais qu'est-ce qu'apporte de plus cette édition spéciale pour le cinquième anniversaire ? Outre une sérieuse remasterisation, rendant particulièrement service à la basse et aux rares instruments additionnels et arrangements, un excellent live de la même année. Et pas de la daube. Pas encore un truc récupéré d'un bootleg, ou échappé d'une émission de radio à la prise de son litigieuse. Un condensé de deux prestations données les 28 et 29 novembre 1975 à Chicago (1), au Aragon Ballroom, quelques semaines seulement après la finalisation de l'album. Soit avec encore Nick Jameson dans les murs. La captation est très bonne et rend justice au groupe, à sa générosité scénique. On n'ira pas jusqu'à dire qu'il rivalise avec le "Foghat Live" de 1977, déjà parce qu'il paraît un brin moins sous tension, et que le son aussi paraît moins ample et plus sourd - la salle est plus petite -, mais indéniablement, il s'inscrit dans les bons albums live d'un groupe qui ne les compte plus. Disons qu'il peut tranquillement côtoyer "Road Case" et "Decades Live", et supplanter tous les apocryphes, soit tous ceux souffrant cruellement de l'absence de Lonesome Dave Peverett.
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Môssieur est rancunier, et a très bonne mémoire ! Depuis, je me suis réconcilié avec toute la fratrie.
RépondreSupprimerPrivate joke? Ich verstehe nicht. J'avais acheté 3 Foghat, dont le live, après tes chroniques d'où nous savons. Je dois dire qu'ils ont été vite rangés... Je vais faire un effort, je vais ressortir le live.
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