mardi 11 novembre 2025

ALAN STIVELL : ”E Langonned“ (1975) par Pat Slade



Il y a longtemps que je n’avais pas fait une incursion dans la musique bretonne et rien de tel que de prendre un album d’Alan Stivell de la grande époque.



LE RETOUR AUX SOURCES




Alan Stivell va nous offrir un album ”Fait à la maison“ dans une ferme à Langonnet dans le Morbihan, plus exactement au hameau de Kerglazen où il vécut un certain temps et où se trouve les origines de sa famille paternelle.  Un retour au traditionnel alors que beaucoup attendaient un album dans la même veine que le précédent  Chemins de Terreavec un son plus rock. A contrario, ce dernier fera une musique aux sonorités bretonnes traditionnelles mais aussi irlandaises, galloises, écossaises et aussi de l’île de Man.

C’est aussi l’époque où il changera son apparence en laissant pousser sa barbe pour se donner un air plus sage tel un druide. Une pochette illustrée d’une photo du chanteur jouant de la harpe et au verso une maison que beaucoup de fans ont longtemps cru qu'il s'agissait de celle qu'il s'est acheté dans le village de Langonnet alors qu'il ne s'agit en fait de la maison dite ”Castel Meur“ à Plougrescant.


E Langonned“ est un patchwork de dix huit morceaux traditionnels,un album unplugged, la fée électricité a été chassée de l’enregistrement. Même si l’on retrouve ses fidèles compagnons de scène comme René Werneer et Dan Ar Braz, ce dernier ne jouera que de la guitare acoustique. La batterie de Michel Santangelli sera remplacée par des joueurs de batterie écossaise et l’orgue de Pascal Stive est absent. Une musique où la bombarde, le bodhràn (instrument de percussion irlandaise) et le biniou-kozh sont rois. Évidemment une instrumentation traditionnelle, Alan Stivell rajoutera sa petite touche.


E parrez Langonned“ (Dans la paroisse de Langonnet) : L’histoire d’un garçon de retour du service militaire dans la marine. Tout commence par un chant à capela et le violon de René Werneer le rejoint à l’unisson, la guitare se joint au duo pour conclure le titre. ”Gavotenn Pourled“ (La Mouette Coulée) : un morceau instrumental au biniou-kozh et à la bombarde. Planedenn“ (Planète et non le destin : tonkadur comme certain pourrait le traduire) Sur des paroles du poète écrivain Yann-Bêr Piriou, l’histoire parle de l’exil des bretons vers Paris. Stivell en duo voix avec le biniou-kozh. ”Ne Bado Ket Atao” (ça ne dure jamais) Encore des paroles de Yann-Bêr Piriou. Un chant en duo en Kan ha diskan entre Stivell et Yann-Jakez Hasold (Que l’on  retrouvera dans le même exercice sur le titre ” Naw Breton 'so ba' prizon“ sur l’album ”Raok Dilestra“ en 1977) ; un texte de révolte là encore contre l'exil des Bretons vers la capitale.


Bwthyn fy Nain“ (La ferme de ma grand-mère) : un morceau gallois nostalgique avec une longue intro à la flûte irlandaise suivie d’un chant a capela. ”Ffarwel i Aberystwyth“ (Au revoir Aberystwyth) Un instrumental gallois, un duo cornemuse/bombarde, rythmé ensuite par les percussions. Aberystwyth est une ville du Pays de Galle dont le château sera détruit par Oliver Cromwell en 1649. ”Briste leathair pheadair, Mairseal a’ chearc“ : un jig écossais avec la bombarde et les batteries écossaises. ”Dans fisel/ Gavotenn ar menez“ : une gavotte traditionnelle des montagnes  entre harpe celtique et flûte irlandaise. ”Deus ganin-med’am bro“ (Viens avec moi dans mon pays) : un chant a capela ; l’histoire d’un garçon qui propose à une jeune fille de le suivre dans son pays. Ce qu’elle n’acceptera que s’il l’épouse. ”Jenovefa : une complainte dramatique avec voix et harpe celtique. Un garçon contraint par ses parents à se faire prêtre malgré son amour pour Jenovefa, la belle se suicidera ! Presque un Roméo et Juliette breton. ”Sagart O Donaill“ : un chant irlandais à capela un peu dans le même contexte que le précédent, une mère implore son fils qui s'est fait pasteur de revenir. ”Diougan Gwenc'hlan“ (La prophétie de Gwenc’hian) : un texte attribué à un barde du Ve siècle. Un titre en voix/harpe/. ”Ar Voraerion“ (Les pirates) : une chanson à propos de la vie éprouvante des marins pêcheurs.

Je voulais ouvrir une parenthèse pour dire que les traductions de wikipédia ne sont pas bonnes, Ar Voraerion se traduit par les pirates et non les navigateurs qui en breton se dit merdeeriou. Une erreur déjà visible avec le morceau ”Planedenn“ comme je l’ai dit veut dire planète et non le destin. Fermons la parenthèse.

Faili faili oro“ : Un chant écossais toujours en voix/harpe un garçon passa sa vie sur les mers du monde pour oublier un amour impossible. ”Oye Vie“ une courte berceuse instrumentale à la harpe de l’île de Man.

 

E Langonned“ c’est comme les embruns de l’océan que tu prends dans la figures pendant les marées d’équinoxes, c’est le vent de la pointe Saint Mathieu (Le bout de l’Europe) qui te décoiffe, il ne manque plus que le cri des goéland ! Une vague de fraicheur ! Alan Stivell reviendra aux instruments électriques sur son album suivant le live ”E Dulenn“ (A Dublin) (clic).





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